Dauphinews - Le magazine des Alumni - N°10 / Novembre 2023 - 23

prix
Prix Spécial du jury
JAMY GOURMAUD (82) Journaliste et présentateur
" APPORTER DE LA
COMPRÉHENSION,
SUSCITER
LA RÉFLEXION "
puissance " de pensée, de culture, d'influence
partout dans le monde. Aux États-Unis, où
j'enseigne depuis plus de 20 ans, la langue
française est très présente. Le croiriez-vous ? Il
est plus facile pour un étudiant américain ayant
étudié le français de trouver un travail !
Un combat ?
Inciter les pouvoirs publics à soutenir toutes les
institutions francophones. Faire cas des aspects
protéiformes et de l'évolution de la langue de
Molière. La vivifier et peut-être [sourire]
accepter que son centre de gravité se déplace.
On ne parle pas français qu'à Paris !
Poésie ou roman ?
Le roman, c'est le territoire du récit, du témoignage,
des histoires, de l'enfance. Mais comment
vivre sans les contrées où nous
emmènent Baudelaire, Alfred de Vigny ou
Léopold Sédar Senghor ? Je teinte mes romans
de poésie. Une manière de " laisser la main " au
lecteur, à sa liberté d'appropriation de ce que
l'écrivain a imaginé.
Votre actualité ?
La sortie à la rentrée de Lettres à un jeune
romancier sénégalais, aux éditions Le Robert.
Un essai sur la transmission et l'invitation à être
soi-même. Voilà qui me ramène à Dauphine,
non ? [rires] *
Dauphinews
Avec Jamy Gourmaud, " C'est pas
sorcier " est toujours limpide, précis et
juste. L'évocation, en quelques mots
choisis, de son parcours et de son
métier en témoigne.
Votre parcours scolaire et
universitaire ?
Élève dans la moyenne mais curieux.
J'aimais les sciences mais j'adorais les
" compositions françaises " du primaire :
ordonner ses idées, choisir le mot
juste, l'image parlante, le double sens
qui fait mouche. J'ai ensuite obtenu
un bac littéraire, puis beaucoup
appris au sein de l'Institut " pratique "
- un mot qui m'est cher - de journalisme,
adossé à l'université de
Dauphine. Le titre comme le contenu
de " C'est pas sorcier " , émission que j'ai
eu le bonheur d'animer pendant près
de 20 ans avec mon complice Fred,
doivent beaucoup à cette éducation.
Votre métier ?
Je ne suis ni un scientifique, ni un
militant, ni un juge, ni un enseignant,
profession pour laquelle j'ai par
ailleurs le plus grand respect. Je me
définis comme un journaliste qui
tente d'apporter de la compréhension
à son auditoire et de susciter la
réflexion. Un vulgarisateur de savoirs
qui sait qu'il y a toujours à apprendre.
Votre code de déontologie ?
Faire preuve d'honnêteté intellectuelle,
veiller à argumenter mon
propos et avoir le sens de la mesure.
Lorsque j'aborde des sujets qui ont
trait au réchauffement climatique, par
exemple, qui constitue une réelle
menace, j'évite le catastrophisme et le
registre de l'émotion. J'évoque en
revanche les solutions possibles. Une
forêt qui brûle peut renaître de ses
cendres en 15 ans si le nécessaire est
accompli.
Votre présence sur les réseaux ?
Elle est relativement nouvelle mais
très importante aujourd'hui. La veille
du confinement, mi-mars 2020,
Manuela, ma compagne, m'avait
suggéré de mettre une vidéo en ligne
chaque jour. La chaîne YouTube " Les
Épicurieux " , créée pour l'occasion,
compte désormais 1,5 million
d'abonnés ! Nous sommes également
présents sur TikTok et Instagram,
dont le jeune public est très friand, en
formats courts, voire très courts, loin
des documents d'une heure proposés
dans " Le Monde de Jamy " sur
France 3. Nous abordons entre 150 à
200 sujets par mois ! Il y a la place,
sur ces réseaux souvent décriés, pour
une parole comme la nôtre. C'est
réjouissant. *

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