Dauphinews - Le magazine des Alumni - N°10 / Novembre 2023 - 19

prix
profils d'experts au sein de ses effectifs après
avoir imaginé pouvoir s'en passer.
Pourquoi avoir choisi en 2018 de devenir
une société par actions simplifiée ?
La SAS offre plus d'agilité et de souplesse de
gestion, ce qui là encore est primordial dans un
secteur industriel qui évolue très vite et doit se
projeter sur le long terme. Cette évolution s'est
accompagnée, pour Fives, de l'adoption d'une
raison d'être à laquelle je tiens beaucoup : faire
aimer l'industrie.
Vous occupez de nombreuses
responsabilités dans des structures
fédératrices (Medef international, Alliance
pour l'industrie du futur...). Quel est le sens
de ces engagements ?
Mon ambition est de remettre l'industrie au cœur
de notre économie et de nos priorités. En France,
toutes les filières industrielles étaient organisées
de façon verticale. Or le monde de l'industrie de
demain ne sera pas cloisonné. Les industriels
français doivent échanger, partager, mutualiser
leurs expertises. En 2015, à l'initiative d'Emmanuel
Macron, a été lancée l'Alliance pour l'industrie
du futur (AIF), coprésidée par Bernard
Charlès et moi-même. Sa vocation était de
fédérer des offreurs de solutions français pour les
mettre au service des industriels issus des filières
verticales et les aider à relever leurs propres défis
de transformation, digitale et technologique, en
vue notamment de contribuer à leur décarbonation.
En 2021, l'AIF s'est transformée pour devenir
une nouvelle filière du CNI : " Solutions industries
du futur " , que j'ai l'honneur de présider. Je mets
beaucoup d'énergie pour faire émerger ces
offreurs de solutions à la française qui
représentent une valeur ajoutée de près de
36 milliards d'euros et qui doivent jouer un rôle
clé dans la réindustrialisation de notre pays.
Cela suppose également de faire évoluer
son image et de développer son
" acceptabilité " auprès du grand public ?
Absolument. L'industrie française sort à peine
d'une période de désamour où les usines étaient
considérées par nos compatriotes - et nos
pouvoirs publics - comme sales, polluantes et
inutiles à la bonne marche de notre économie.
Depuis plus de 40 ans, nous avons collectivement
sacrifié notre industrie, comme l'a très bien
Dauphinews
À l'heure où l'industrie cherche à recruter
des talents, quel message avez-vous envie
de délivrer aux étudiants de Dauphine ?
Rejoignez-nous ! L'industrie a de belles et
passionnantes carrières à offrir dans des métiers
qui ont du sens. Je le répète, elle a des solutions
innovantes et d'avenir à apporter. C'est dans
cette voie que le groupe Fives est pleinement
engagé. *
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analysé Nicolas Dufourcq dans son livre La
Désindustrialisation de la France. Leur regard est
heureusement en train de changer, il faut
cependant continuer de faire tomber les réticences
en expliquant que l'industrie est la
solution pour lutter efficacement contre le
changement climatique, ainsi que pour revitaliser
nos territoires et créer des emplois donnant du
sens et offrant des perspectives de carrières
riches et variées. À ce titre, le revirement de
l'opinion publique sur le nucléaire, en France,
mais aussi en Scandinavie, est essentiel pour le
développement d'une industrie du futur décarbonée
et électrifiée, et accessoirement plus
indépendante d'approvisionnements en énergies
fossiles que nous ne produisons plus chez nous.
Quels autres souhaits majeurs
formulez-vous pour le devenir de cette
industrie ?
Que l'Europe avance unie sur ce terrain. Le vieux
continent a les moyens de mettre sur pied une
industrie du futur exemplaire. Le réchauffement
climatique est une lutte qui n'a de sens que si elle
est conduite mondialement. La France représente
seulement 0,9 % des émissions de CO2
dans le
monde. Notre devoir est donc également d'aider
les pays en développement à sortir du charbon
comme énergie de base pour produire leur
électricité, véritable désastre écologique.
Qu'avez-vous ressenti à l'annonce de votre
attribution du Grand Prix Made in Dauphine
2023 ?
J'ai été très touché et très heureux qu'à travers
moi l'industrie française, Fives et l'ensemble de
ses salariés soient mis à l'honneur.
Quel est votre meilleur souvenir de cette
université ?
Sans conteste la pluridisciplinarité de son
enseignement et son ouverture à l'international.
8 500
collaborateurs
de 81 nationalités
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