Dauphinews - Le magazine de la #D-Family - N°5 - Juillet 2021 - 31

entreprendre
Ici, le respect se gagne avec le temps
Élise Sormani (03), fondatrice de We All Share Roots
C'est à l'origine pour suivre son mari expatrié
qu'Élise a quitté la France pour Cape Town. Après
avoir travaillé pour PSA, cette Dauphinoise s'était
tournée vers un MBA dédié au développement
durable en entreprise, puis avait travaillé pour
une société spécialisée dans le recyclage. En
Afrique du Sud, après quelques missions, elle
décide de créer sa propre boîte. " Cape Town était
alors, en 2014, la capitale mondiale du design : il y avait une
ébullition collective dans la ville, et pourtant les townships n'en
profitaient pas. J'ai eu envie d'inclure les femmes de ces quartiers
dans ce mouvement " , se souvient-elle, créant alors We All Share
Roots, marque de sacs à main fabriqués à la main par ces
couturières.
Forcément, les débuts ne sont pas évidents. " Les townships sont
par définition dangereux, il a fallu trouver les bons interlocuteurs.
Il y a beaucoup de gangs, de drogue, de pauvreté... Au début, je
n'avais l'attention de personne. Cinq ans plus tard, j'ai fait mes
preuves " , estime Élise. Il faut aussi mettre son ego de côté et
accepter la réalité locale. " Les couturières avec qui je travaille ont
la vie dure et le portent. Par exemple, elles ne sourient pas. Cela
remet les choses dans leur contexte : il ne faut pas arriver dans
ces quartiers sur son cheval blanc en attendant être remercié.
La confiance et le respect, ici, ça se gagne avec le temps " ,
relève-t-elle.
La société réalise 70 % de son CA sur place, 20 % avec des revendeurs,
le reste en ligne. Avec une telle répartition, la crise sanitaire
et l'arrêt du tourisme ont été difficiles pour les affaires. Notre
entrepreneure mise désormais sur le digital pour continuer de faire
vivre sa marque. Mais aussi les couturières qui en dépendent.
Une double fierté
Thierry Rajaona (85), fondateur et associé-gérant
de FTHM Consulting
Monter sa propre banque, c'était l'idée de
Thierry Rajaona plus jeune. Après
Dauphine, il travaille sur les marchés
financiers, puis se tourne vers l'univers du
conseil, en France et à Madagascar. Après
une expérience de plusieurs années pour le
groupe Bolloré, il crée son propre cabinet de
conseil en 1998. " Nous avons obtenu un premier appel
d'offres assez rapidement, ce qui a permis au cabinet de
se développer ! Au bout de trois ans, nous étions une
quarantaine de consultants. Aujourd'hui, nous sommes une
centaine " , détaille Thierry. Cette belle croissance a évidemment
fait face à des obstacles... " Le contexte à Madagascar
est différent de la France ; créer sa société ici est un parcours
du combattant. L'environnement des affaires est compliqué,
entre la corruption et le fait que les entrepreneurs ne
disposent d'aucune aide de l'État. Nous avons néanmoins
réussi à dépasser tout cela : FHTM est désormais le plus
grand cabinet de conseil du pays, avec 4 millions de dollars
de chiffre d'affaires " , sourit l'entrepreneur.
À côté de cette belle aventure, Thierry Rajaona n'a jamais
oublié son rêve de banque. D'ailleurs, il a été réalisé, puisque
notre Dauphinois a investi il y a dix ans dans un établissement
de microfinance, Sipem, devenu depuis une banque
universelle : " En 2010, celui-ci a ouvert son capital, j'ai
constitué un tour de table avec des amis et nous avons
acquis 20 % de l'établissement. Je suis le président du
conseil d'administration. Pour moi, c'est une double fierté :
non seulement j'ai réussi à atteindre cet objectif, mais en
plus Sipem est la seule banque de notre pays à être détenue
majoritairement par des Malgaches. "
Outre sa société de
conseil, Thierry Rajaona
a réalisé son rêve
de jeunesse : créer une
banque universelle
à Madagascar : la Sipem.
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https://www.weallshareroots.com/fr/ https://www.fthmconsulting.com/
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