Dauphinews - Le magazine de la #D-Family - N°5 - Juillet 2021 - 27

immobilier
Pour les 2 100 salariés
d'Aviva, JLL a réinventé
les 35 000 m2
de bureau,
en adoptant de nouveaux
modes de travail basés
sur le flex-office après un
processus participatif,
offrant plus de liberté et
de flexibilité aux salariés.
Le télétravail
et les plus jeunes
Ce fonctionnement semble en effet faire son
chemin : une enquête de Deskeo publiée en
mars 2021 montre que 55 % des entreprises
réfléchissent à passer prochainement au flex
office. Pour le moment, elles sont seulement
16 % à avoir franchi le cap. Pour les entreprises,
la première motivation est de loin le
coût. " Forcément, c'est une évidence lorsqu'un
poste de travail revient en moyenne entre
10 000 et 15 000 euros par an pour une
société ! C'est une dépense significative et il
est tout à fait logique qu'elles aient cette
réflexion " , relève Denis Burckel, directeur du
Master immobilier de Dauphine-PSL. Encore
plus dans une période de crise économique,
certaines entreprises peuvent y voir une
solution intéressante pour tenter de réduire
leurs coûts fixes.
UNE BAISSE POUR LE MARCHÉ
Face à cette tendance, le marché de l'immobilier
d'entreprise doit se tenir prêt, car ces
nouveaux usages, ainsi que ces nouvelles
façons d'organiser l'espace, pourraient avoir
un impact loin d'être négligeable sur le bureau
tel qu'on le connaît encore aujourd'hui. " Si l'on
considère que la réduction du temps en
présentiel, disons d'un jour par semaine, fait
baisser d'autant les besoins de mètres carrés,
cela représente une chute de 20 % ! Ce serait
un changement de rythme très violent et
rapide, qui pourrait déstabiliser le marché,
avec une réduction des surfaces, des loyers, et
donc des valeurs. Je rappelle que les surfaces
de bureau augmentaient de plus de 0,5 % par
an jusqu'à la crise " , tempère Denis Burckel.
Alors bien sûr, toutes les sociétés n'adopteDauphinews
ront
pas immédiatement ce système, ni ne
réduiront immédiatement leurs locaux. Mais
la réflexion est engagée.
Pas question pour autant de paniquer. " Les
mouvements sur les marchés immobiliers
prennent du temps, il y a beaucoup d'inertie.
Et je ne crois pas au tout télétravail, il y a
toujours une nécessité de venir un, deux,
voire trois jours, chaque semaine, dans un lieu
commun. Cela fait partie de la vie sociale et
professionnelle, mais aussi des enjeux
managériaux " , tempère Arnaud Simon,
enseignant-chercheur à Dauphine, spécialiste
des sujets immobiliers. Cette inertie du
marché est due notamment à la longueur
des baux proposés aux entreprises, difficiles à
rompre en cours de route. Notre maître de
conférences voit un impact en revanche qui
pourrait créer une nouvelle répartition entre
les immeubles choisis par les entreprises à
l'avenir : " Il pourrait y avoir un effet de vases
communicants : avec le télétravail, les salariés
peuvent davantage s'éloigner du centre des
métropoles, reculer encore la frontière par
exemple de l'Île-de-France, en allant s'installer
dans des communes plus lointaines, voire des
départements limitrophes. Pour l'entreprise,
en ce qui concerne le siège ou les bureaux,
les meilleures localisations, les plus centrales,
seront désormais choisies en priorité.
À l'inverse, les bureaux de milieu de gamme,
voire bas de gamme, avec des positions
excentrées, attireront moins " , constate-t-il.
L'impact sur le marché pourrait finalement
être assez différent selon la typologie
des biens.

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Quid des étudiants et des
jeunes diplômés dans cet
univers ? Curieusement, ils ne
sont pas les plus friands de
télétravail parmi l'ensemble
de la population. Un sondage
Odoxa publié en mars estime
que les 18-24 ans sont ceux
qui ont la moins bonne image
du télétravail : tout juste 63 %,
contre 85 % pour leurs
collègues de 35-49 ans. Ils
sont aussi ceux qui le jugent
le moins efficace et qui
estiment crouler davantage
sous les dossiers qu'en
présentiel. Et quand on leur
demande s'ils ressentent le
besoin de retourner travailler
au bureau, ils sont 82 % à
opiner, contre 65 % des plus
de 50 ans. Olivier Babeau,
président de l'Institut Sapiens,
explique simplement cet
écart générationnel important
: " Le rapport au flex office
et au tout télétravail dépend
aussi de l'expérience de la
personne. Cela fonctionne
bien avec des gens qui ont
l'habitude du monde de
l'entreprise, de ses dossiers,
de son métier. Cela peut se
révéler compliqué pour un
junior qui débute. " Une autre
étude, réalisée quant à elle
par Odoxa, va même plus
loin : selon elle, près des deux
tiers des jeunes de 18 à 24 ans
déclarent carrément mal
vivre le télétravail...
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