Dauphinews - Le magazine de la #D-Family - N°5 - Juillet 2021 - 24

FOCUS - sport

Nicolas Blanc
(98)
président et
fondateur
de Sport Value
de sa base. " La popularité du
football serait-elle menacée ?
" En 1993, selon Médiamétrie,
16,6 millions de téléspectateurs
français avaient regardé Marseille
triompher de Milan en finale de la
Ligue des Champions, retransmise
gratuitement sur TF1. En 2020, ils
étaient 10 fois moins pour la finale
PSG -Bayern, diffusée sur une
chaîne payante " , rappelle Christophe
Chenut. Les abonnements, parfois
multiples, permettant de suivre les
matchs de foot représentent un réel
budget pour les supporters. En
Angleterre, le prix des places au
stade a explosé. En vidant les stades
partout en Europe, l'irruption du
Covid a jeté un éclairage cru sur le
monde du foot : il n'est rien sans la
ferveur du public et des supporters.
" En France, les ressources du foot
se sont taries en cascade, image
Christophe Chenut. Plus de spectateurs
dans les stades, des droits télé
et le soutien des sponsors revus à
la baisse, un marché des transferts
atone. " La Ligue 1 va enregistrer en
2020-2021 une perte de 1,3 milliard
d'euros. Le ruissellement vers le foot
amateur, déjà privé de matchs et de
ses recettes, s'est mué en perfusion
en goutte-à-goutte. Dans ce
contexte de disette, le projet de
Super-League fermée à l'américaine,
regroupant en vase clos les
meilleurs clubs européens en
remplacement de l'actuel " Ligue des
champions " , a été la goutte de trop.
" La formule rassurait les investisseurs
en leur offrant ce qu'ils aiment
le plus : de la visibilité et de la
sécurité " , analyse Fabrice Favetto
Bon. Sauf que " le football n'échappe
pas à ce que qui fait le charme du
sport de compétition " , rappelle
Nicolas Blanc, " sa glorieuse incertitude,
déjà suffisamment écornée par
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Numéro 05 // juillet 2021
la confiscation, à coups de millions,
des plus grands joueurs par les plus
grands clubs " . Vite retoquée par les
supporters des clubs pressentis
pour en faire partie, notamment
anglais, la Super-League est
mort-née. Peut-être le signe d'une
trajectoire nouvelle pour l'avenir
du ballon rond ?
L'ENJEU NE DOIT PAS TUER
LE JEU
À quoi ressemblera le foot de
l'après-Covid ? Nos trois spécialistes
se risquent au jeu des pronostics.
" Le cœur de la culture de ce sport
reste national, souligne Christophe
Chenut. Il est presque plus important
de battre le voisin dans l'un des
fameux " derby " ou " classico " des
championnats européens - LilleLens,
le Real contre le Barça, l'Inter
contre l'AC à Milan, United contre
City à Manchester... - que de
remporter une coupe d'Europe ! "
Fabrice Favetto Bon estime que
" trop d'enjeux tue le jeu " et fustige la
VAR, le système de visionnage
vidéo des actions censé venir au
secours des arbitres dans leurs
prises de décision : " On perd
beaucoup plus en rythme et en
spectacle qu'on ne gagne en équité
sportive ! " Nicolas Blanc propose de
fixer des limites " au nombre de
zéros sur le salaire des joueurs, au
nombre de joueurs étrangers dans
les clubs, au nombre de matchs
dans une saison... Toute cette
démesure dessert le football " .
Christophe Chenut suggère que " de
nouvelles formules de financement
permettent aux entreprises et aux
fonds de pension d'investir différemment
dans le foot, en respectant
l'identité profonde de ce sport " .
Tous trois, enfin, se rejoignent pour
souhaiter le retour rapide du public
dans les stades. " Ce " douzième
homme " qui peut faire basculer un
match fait partie intégrante de
l'équipe " , image Fabrice Favetto Bon.
Une communion au stade, dans une
même unité de temps, de lieu,
d'espace, et un scénario jamais écrit
à l'avance, soumis à tous les aléas
- ces " tournures imprévisibles " ,
comme le définit le Larousse - qui
président à la destinée de chaque
compétition, tel est ce que le
football et le sport ont de meilleur.
Alors, que le meilleur gagne ! *
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