Dauphinews - Le magazine de la #D-Family - N°2 - Mars 2020 - 15

interview

pertinents en matière de marketing
vis-à-vis des consommateurs. Voilà
comment je suis tombée dans le
monde du marketing sur Internet.
De retour dans l'Hexagone, je me
suis rendu compte que tout cela
n'intéressait personne dans le
monde de l'entreprise. D'où ma
décision de me tourner vers le
monde académique, plus innovant
et plus proche des États-Unis, pour
me spécialiser dans ce domaine. J'ai
poursuivi alors mes études jusqu'au
DEA [équivalent du M2, NDLR], puis
avec une thèse en marketing
interactif, que l'on appellerait digital
aujourd'hui. Lors de mon doctorat,
j'ai pu retourner aux États-Unis,
dans le premier laboratoire de
marketing interactif, à Harvard.
Une fois rentrée en France, j'ai
participé à la création de l'IAB
France (Interactive Advertising
Bureau) en 1998, dont j'ai longtemps
été secrétaire générale.
D'où vous vient cette appétence
pour la tech, dès vos études ?
Pas de ma famille, c'est certain ! Je
pense que cela vient d'une vexation
fondatrice. Pour mon dixième
anniversaire, j'avais demandé à mes
parents un ordinateur Amstrad,
comme mes amis qui en possédaient un. Mon père pensait que
c'était une sorte de machine à écrire,
il a préféré m'offrir un vélo. Résultat :
je ne l'ai jamais utilisé. Tout mon
parcours vient peut-être de cette
frustration d'avoir été privée de
technologie ! D'ailleurs, 30 ans plus
tard, j'ai donné ce vélo, encore tout
neuf, à mon neveu ! [rires]
Dauphinews

POUR MON DIXIÈME
ANNIVERSAIRE, JE VOULAIS
UN AMSTRAD.
J'AI EU UN VÉLO !

Durant vos études, pourquoi
avoir choisi Dauphine et
comment avez-vous choisi
votre orientation ?
Je suis d'origine aveyronnaise. Après
mon bac à Clermont-Ferrand, je me
suis tournée vers une prépa HEC,
mais ce cursus ne m'a pas du tout
intéressée ! J'ai donc quitté la prépa
pour des études d'économie à
l'université Paris 1. Une bonne
décision : j'ai adoré cette formation,
car le président de l'époque avait
décidé que le DEUG [les deux
premières années de licence, NDLR]
serait enseigné par des professeurs
encadrant des thèses et signant des
publications. Nous avions donc des
enseignants disposant d'un véritable
sens académique.
Après mon DEUG, j'ai postulé à
Dauphine car le caractère international du magistère me plaisait.
J'aime le monde universitaire et j'ai
toujours trouvé que Dauphine alliait
qualité académique et ouverture au
business. Pour moi, c'était le meilleur
des deux mondes. Un mélange que
l'on a toujours conservé chez
Numberly : nous comptons beaucoup de Cifre (dispositif pour
recruter des doctorants) et nous
réinvestissons systématiquement
10 % de notre chiffre d'affaires en
R&D. Ce lien entre le monde
académique et le monde réel m'a

beaucoup parlé. Je trouve que
Dauphine a été extrêmement
précurseur sur ces sujets.
En arrivant à Dauphine,
les cours étaient-ils à la
hauteur de vos attentes ?
Bien sûr, nous avions des professeurs de grande qualité, comme Élie
Cohen, Dominique Roux... Le niveau
académique était hallucinant !
D'autant que tous ces grands
professeurs étaient très accessibles.
Nous avions aussi une vraie vie de
campus et un lien fort avec l'entreprise, moins développé qu'aujourd'hui, mais qui existait déjà.
Les enseignants n'étaient pas des
académiques qui avaient peur du
monde réel.

millions d'euros
de bénéfices
avant impôts

681

,
Un cours vous a-t-il
millions
d'euros
particulièrement marquée
de chiffre
à Dauphine ?
d'affaires en
J'ai eu la chance d'avoir Francis
2018
Lorentz comme professeur, il
(+16 % en un an)
dirigeait encore Bull à l'époque. Les
cours de Daniel Soulié aussi étaient
extraordinaires, il fumait à l'époque
en classe, ce qui semble fou
aujourd'hui. Mais il était exceptionnel. Bernard Colasse, aussi, le seul
professeur qui pouvait rendre la
compta amusante. Je l'en remercie
encore d'ailleurs, car c'est une
matière qui m'a été très utile dans
ma vie ! Je me souviens aussi d'avoir
été élue au conseil d'administration,
ce qui était passionnant. J'avais une
vision globale du fonctionnement
de l'université, à un moment où
s'amorçaient de nombreuses
transformations, notamment sur


Dauphinews - Le magazine de la #D-Family - N°2 - Mars 2020

Table des matières de la publication Dauphinews - Le magazine de la #D-Family - N°2 - Mars 2020