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L'AVENIR ÉNERGÉTIQUE DU BÂTI EXISTANT BRUXELLOIS : ENTRE PERFORMANCE ET PRÉSERVATION

Certaines d’entre elles sont historiques et l’isolation extérieure y est à proscrire. En revanche, certaines typologies s’y prêtent, car elles ont beaucoup évolué. Il conviendrait de se pencher dans le détail sur ces évolutions, de voir comment les gens se sont appropriés les espaces, ce qui est acceptable dans ces évolutions, la manière dont il conviendrait de les encadrer… Les enduits isolants pourraient offrir là des solutions ; en revanche, il n’existe pas une solution technique type applicable partout, toujours. Certaines zones comme « le chantier expérimental » de la Roue, ancienne vitrine technologique, pourraient retrouver leur vocation première par la mise en œuvre de solutions de réhabilitations innovantes. Évidemment, cette démarche demande de pouvoir sortir du cadre réglementaire.

L’ISOLATION INTÉRIEURE : UNE SOLUTION QUI PEUT GÉNÉRER DES PATHOLOGIES

L’isolation intérieure ne nécessite pas de permis. Cette absence d’autorisation donne l’impression que cette technique relève du simple bricolage. En réalité, il s’agit de l’isolation la plus complexe, car elle peut générer beaucoup de pathologies, surtout dans le bâti ancien. Cela ne signifie pas qu’elle ne doit pas être mise en œuvre, mais seulement de manière très précautionneuse.

Nous avons une bonne expérience à Paris de l’usage de la brique, de son isolation et des pathologies inhérentes. Nous avons constaté les méfaits de l’isolation par l’intérieur sur de nombreux pans de bois. Quand les structures sont atteintes, que le bâtiment est devenu insalubre, la seule solution est une démolition/reconstruction.

L’avantage et l’inconvénient de l’usage de la brique sont qu’elle stocke bien l’humidité. Les pathologies peuvent mettre cinq ou dix ans, voire plus, avant de se déclarer. Isoler par l’intérieur empêche souvent l’humidité emmagasinée par les briques de sécher. Ce sont des cas que l’on rencontre souvent sur des murs exposés ouest/ sud-ouest, frappés par la pluie, ou sur des murs revêtus de briques émaillées, très perméables à l’humidité.

Si l’on souhaite atteindre la norme U=0,4 ou 0,2, il faut recourir à des matériaux fortement isolants de type polystyrène ou laine de roche. Or, ces solutions peuvent être contre-productives sur le long terme. En admettant de ne pas chercher à atteindre la norme, on s’octroie la possibilité de mettre en œuvre des matériaux compatibles avec des structures anciennes comme les bétons de chanvre, les bétons cellulaires, les enduits de chaux, de liège… dont les performances thermiques sont aujourd’hui quasi de l’ordre du polystyrène.

Nous avons fait l’expérience sur certains chantiers de viser une performance de 0,8 et non 0,4. Les relevés de compteur indiquent un bâtiment consommant maintenant 80 kWh. La paroi froide a été coupée et les habitants ne ressentent plus d’inconfort. Par conséquent, ils chauffent moins. À nouveau, il s’agit de réfléchir en fonction d’une situation réelle et du comportement réel des habitants. Il existe aujourd’hui d’autres matériaux que le polystyrène qui ont, certes, des performances moindres sur le plan théorique, mais avec lesquels on arrive, en pratique, à des choses très intéressantes.

CONCLUSION

Pour conclure, je reviendrai sur quelques points clés de l’étude. Tout d’abord, il serait intéressant de procéder à une territorialisation de la dépendance énergétique de manière à pouvoir prioriser à l’échelle de la région les ambitions énergétiques. Il est impossible d’être performant partout ; des choix s’imposent donc, d’autant plus que les budgets sont en général limités.

Un autre sujet à investir est celui du règlement urbain, qui a son rôle à jouer dans l’accompagnement du phénomène de densification. Cela passe entre autres par la préservation de certains espaces verts intérieurs afin de prévenir l’apparition d’îlots urbains de chaleur.

Concernant le bâti à proprement parler, l’amélioration de la connaissance du parc existant et de ses spécificités passe par la collecte d’un grand nombre de données statistiques de consommation d’énergie. Cette première démarche permettra aussi d’aider à recadrer le niveau des aides publiques au regard de la performance exigée dans l’ancien et valider l’efficacité des interventions en réalisant des comparatifs avant/après.

Enfin se pose la question de la capitalisation des retours d’expériences. Savoir ce qu’on a fait, ce qui marche, ce qui ne fonctionne pas, etc. et ce, sur le long terme, est essentiel pour évaluer les gestes posés, les décisions prises. L’idée dogmatique qui consiste à dire « un bon bâtiment, c’est un bâtiment étanche à l’air, aux calories » n’est pas valable. Il faut plus de finesse. Il faut laisser la place à l’observation et à l’expérimentation, aider à améliorer la qualification des maîtres d’œuvre, favoriser l’approche intelligente des bâtiments et des opérations de réhabilitation.

L'étude complète est disponible



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