ON LINE BRUXELLES PATRIMOINES – ACTES DE LA JOURNÉE D’ÉTUDE – 11/12/2014
qui permettent à l’occupant d’agir pour son confort, comme les volets intérieurs ou extérieurs. Les jalousies – sorte de stores vénitiens – ont aujourd’hui disparu, mais étaient fréquentes à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. Les cartes postales anciennes montrent que la plupart des immeubles des boulevards du centre en étaient équipés. Les jalousies filtraient la lumière du jour, dont on se protégeait à l’époque davantage qu’aujourd’hui, et permettaient également de lutter contre les surchauffes estivales. La plupart des maisons bruxelloises de l’époque possèdent une citerne d’eau de pluie qui peut être remise en service pour alimenter la lessiveuse, les chasses d’eau… grâce à une pompe.
Un autre avantage de ce bâti ancien est la durée de vie très longue des éléments qui le composent, y compris ceux qui appartiennent au second œuvre, comme les menuiseries extérieures. On a tendance aujourd’hui à remplacer systématiquement les châssis de fenêtres anciens au nom des économies d’énergie, bien qu’ils soient souvent en assez bon état après cent ans d’usage, voire davantage. Or, la conception de ces anciennes menuiseries extérieures permet de réaliser des réparations locales comme le remplacement d’un jet d’eau ou d’une pièce d’appui (traverses inférieures du châssis). Les dalles en pierre bleue des balcons peuvent également être réparées. Des traces d’intervention sont parfois visibles : pose de bouchons de pierre pour combler un manque, agrafes métalliques qui évoquent des points de suture pour consolider une fissure... Dans un bâtiment ancien, a priori, presque tout est réparable. Ce qui définit le savoirfaire de l’artisan, c’est la continuité complète dans le métier entre la fabrication, la construction de l’élément et sa réparation. Dans le cadre de l’approche diagnostique de la maison bruxelloise qui devrait précéder toute intervention sur le bâti, il est intéressant de s’interroger sur les campagnes de rénovation énergétiques menées dans les années 1970-1980 (fig. 6 et 7). On remplace aujourd’hui des menuiseries extérieures posées il y a trente ou quarante ans alors que si on avait maintenu les cycles d’entretien, les éléments d’origine auraient pu être conservés. La question des déchets de construction est également prégnante puisqu’ils constituent une grande partie du volume total des déchets produits en Région bruxelloise. Les artisans du bâtiment contribuent à limiter leur volume grâce à la maîtrise des techniques de réparation et d’entretien qui permettent le maintien des éléments existants dans le bâtiment.
Fig. 6
Un propriétaire amoureux du patrimoine rénove sa maison. Il démonte notamment un faux plafond installé dans le hall d’entrée dans les années 1970-1980. On considérait à l’époque comme essentiel de rabaisser la hauteur des plafonds pour « chauffer moins d’air ». Or, chauffer de l’air demande peu d’énergie comparé au fait de chauffer des matériaux... Ces faux plafonds qui, de plus, ne sont pas étanches à l’air, sont inutiles d’un point de vue énergétique (© P. Brusten).
Fig. 7
Le constat de l’inefficacité énergétique des châssis en aluminium à simple vitrage de l’époque est identique. On considérait alors comme essentiel d’assurer l’étanchéité à l’air, mais ces châssis se révèlent aujourd’hui nettement pires du point de vue de la transmission thermique que les châssis en bois à simple vitrage qu’ils ont remplacés. Ces châssis en aluminium sont à leur tour remplacés aujourd’hui (photo de l’auteur).
110 | La rénovation durable de la maison bruxelloise : un défi pour les artisans du bâtiment