Arts&MétiersMag - N°442 - Février 2023 - 47

son roman «Robur le Conquérant» (chapitre
VI).
En 1884, l'Anglais Thomas Parker, fabricant
d'accumulateurs et de dynamos alimentant
tramways et métros, aurait réalisé une automobile
électrique, ce qui est à replacer dans un
nouveau contexte. En effet, peu porté sur la
commercialisation de ses inventions, Camille
Faure avait rencontré le financier belge Simon
Philippart, investisseur dans le développement
des chemins de fer et des tramways. Avec lui,
il créa la société Faure Electric Accumulator Co.
qui lancera ses fabrications de batteries en 1882
à Liverpool. Mais le fils de Simon Philippart les
trahit en tentant de vendre certains droits sans
leur approbation. Le conflit se réglera en 1882
dans un échange mutuel d'actions et, l'année
suivante, onze compagnies fabriqueront des
accumulateurs sous licence Faure.
lement toxique) et, en 1878, un détonateur. Les brevets de
ces innovations sont déposés par le canal de D.-A. Casalonga,
devenu son mandataire.
PREMIERS TRAVAUX SUR LES BATTERIES
Après un premier dépôt de brevet en 1869 (no
88.311)
concernant des «perfectionnements apportés aux batteries
galvaniques», Camille Faure s'attarde, trois ans plus tard,
sur l'examen d'une batterie électrique Elliott Brothers, cherchant
à l'améliorer. C'est après s'être rendu à l'Exposition
universelle de 1878, à Paris, qu'il dépose, le 20 octobre
1880, son brevet majeur (no
139.358) décrivant un mode
d'enrobage des plaques de plomb par une pâte composée
de plomb oxydé, d'acide sulfurique et d'eau. Cette solution
accroît considérablement la capacité de charge d'une batterie
au plomb, au regard de celle qu'inventa Gaston Planté
en 1859, et permet l'industrialisation d'accumulateurs
utilisés dès lors dans la motorisation
de véhicules, à commencer par le
premier tricycle électrique d'une vitesse
maximale de 12 km/h imaginé en 1881 par
Gustave Trouvé (2)
(An. 1854).
La même année, rentré à Paris et parrainé
par Jean Chrétien, Camille Faure est acteur,
avec Gustave Trouvé, son frère, Jules, le
constructeur automobile Charles Jeantaud
et surtout l'ingénieur en mécanique Nicolas-Jules
Raffard (3)
(1)
Avec Claire Delonchamps qui ne lui donnera pas de descendance ; en 1891,
il déclare un fils adultérin, Camille Jules Faure, né à Grenoble de sa liaison avec
une Italienne, Amalia Bandinelli
(2)
Voir l'article «Grandes Figures» de J.-L. Eytier sur Gustave Trouvé (An. 1854),
«Arts & Métiers Mag», no
306, décembre 2007.
(3) Voir l'article «Grandes Figures» de J.-L. Eytier sur Nicolas-Jules Raffard (An. 1841),
«Arts & Métiers Mag», no
298, janvier-février 2007, où sont décrits leur Tramcar
(An. 1841), des premières
motorisations électriques (accumulateurs et
piles) de véhicules à faible rayon d'action. Ses
travaux seront évoqués par Jules Verne dans
Illustration de Léon Benett,
pour «Robur le Conquérant», roman
d'anticipation de Jules Verne paru en 1886.
(1881) ainsi que leur voiture électrique, qui participa à la course Paris-Bordeaux
de 1895.
C'est après s'être
rendu à l'Exposition
universelle de 1878,
à Paris, que Camille
Faure déposera son
brevet majeur sur les
batteries au plomb,
le 20 octobre 1880.
EN QUÊTE D'AUTRES DÉFIS
Camille Faure multiplie encore les dépôts de
brevets, notamment sur la fabrication d'aluminium.
Il crée une petite unité expérimentale à Saint-Bricesous-Forêt
(Val-d'Oise) puis part pendant trois ans aux
États-Unis implanter de nouvelles usines de batteries. Tout
juste rentré à Paris, il obtient une médaille d'or pour un
accumulateur qu'il avait présenté à l'Exposition universelle
de 1889.
Il s'intéresse aussi à l'amélioration des moteurs à air chaud
et à la direction des véhicules à moteur, à la purification
de l'eau potable, aux engrais azotés... Pour alimenter les
fours électriques de fabrication de cyanure de calcium, il
choisit l'emploi de la puissance hydraulique des rivières
de son Dauphiné natal et adresse une note à l'Académie
des Sciences.
Camille Faure meurt subitement à l'âge de 57 ans à son
domicile parisien, le 14 septembre 1898. C'est son frère,
Jules, qui fait la déclaration de décès. Son seul fils, Camille
Jules, a 7 ans. Il mourra pour la France en 1916. Sa mère le
reconnaîtra six ans plus tard. Sans descendance pour entretenir
sa mémoire, le nom et l'œuvre de Camille Faure ont
traversé un siècle d'oubli.
Henri Frier (Ai. 163)
Sources
* «In memoriam», par D.-A. Casalonga (Ai. 1853), «Bulletin
des Arts et Métiers».
* Revue «Batteries International», no
118, hiver 2020-2021.
Arts&MétiersMAG
N° 442 / Février 2023
47
GRAVURE ENCYCLOPÉDIE INDUSTRIELLE E.-O. LAMI - 1875 / SHUTTERSTOCK
WKIMEDIA COMMONS PUBLIC DOMAIN

Arts&MétiersMag - N°442 - Février 2023

Table des matières de la publication Arts&MétiersMag - N°442 - Février 2023