Arts&MétiersMag - N°442 - Février 2023 - 17

Les nouvelles
compétences
se monnayent
VINCENT KOZICKI
(Li. 193), chef de
projet chez Renault
chargé des
programmes
«Création de valeur»
et «Usine du
futur 2030».
Renault cherche à valoriser ses nouvelles
compétences auprès d'entreprises tierces.
À cet effet, le groupe de Boulogne-Billancourt,
désormais expert dans la digitalisation des
activités industrielles, a signé un partenariat avec
Atos (conseil et spécialiste de l'environnement
client) pour commercialiser une solution de collecte
de données industrielles à grande échelle, baptisée
«ID@scale». Cette plateforme permet de structurer
les données issues de différents équipements
pour améliorer les processus de fabrication
industrielle. Selon Vincent Kozicki (Li. 193), chef
de projet des programmes «Création de valeur»
et «Usine du futur 2030» chez Renault, «30%
des expérimentations relatives au métavers dans
l'industrie ne passent pas le cap de la preuve du
concept. Avec ID@scale, Renault et Atos comptent
aider les clients à dépasser ce seuil». Les premiers
d'entre eux appartiennent aux filières automobile,
aéronautique, agroalimentaire, chimique...
Le 25 octobre
2022, Renault
présentait sur son
site de Flins (78)
divers exemples
où l'exploitation de
la donnée apporte
une véritable
valeur ajoutée.
Ici, présentation
d'une application
utilisant
l'intelligence
artificielle.
A
u commencement était la donnée. Vous savez,
ces informations élémentaires - température,
pression, temps de cycle, mesures dimensionnelles...
- que des thermomètres,
palpeurs, automates, caméras ou scanners
collectent et emmagasinent dans la mémoire d'un ordinateur,
sur site («edge») ou ailleurs (cloud). Dans la plupart
des cas, ces données sont utilisées pour corriger la
trajectoire d'un outil, la température d'un four ou, plus
important, cadencer une ligne de production. Les logisticiens
sont également friands de l'Internet des objets
(IoT) pour localiser un véhicule ou surveiller le froid
d'une cargaison.
Le cas du groupe Renault est exemplaire, car ce dernier
est un des rares industriels, sinon le seul, à collecter,
consolider et faire fructifier les données à l'échelle planétaire
d'un réseau d'usines et de chaînes d'approvisionnement.
Le 25 octobre 2022, le constructeur automobile
présentait ainsi plusieurs cas d'usage au cours de sa manifestation
annuelle «Tech Industry Days», sur son site de
Flins (Yvelines). Son métavers est façonné avec l'esprit du
Web 3.0. En effet, chaque outil, chaque machine, chaque
équipement de protection individuelle... bénéficie d'un
jumeau numérique.
QUI FAIT QUOI ?
Aucune solution du marché ne répondant pleinement à ses
besoins, le groupe a décidé il y a sept ans de créer la plateforme
numérique «Industrial Data Management Platform
4.0» (IDM4.0). Celle-ci permet de superviser un
grand nombre d'opérations dans ses usines. Les 8 500 équipements
qui y sont connectés produisent 40 000 informations
par seconde. Renault en a comptabilisé en moyenne
un milliard par jour au cours des années 2021 et 2022.
Comme ces données sont issues de machines ou d'interfaces
homme-machine de différents fabricants et éditeurs
de logiciels, il a fallu préalablement homogénéiser la
«langue» pour qu'elles soient exploitables.
Le groupe de Boulogne-Billancourt s'est également appuyé
sur des partenaires, à l'image de Siemens et Nvidia
pour les jumeaux numériques, ou de Google pour l'hébergement
des plateformes IDM4.0 et de gestion des
images. Des start-up participent également à ce vaste
chantier. Parmi les jeunes pousses, citons Shippeo
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