Arts&MétiersMag - N°435 - Avril 2022 - 73

CULTURE & LOISIRS À LIRE
Mars 1963. La célèbre piste du Hoggar, massif montagneux
algérien au cœur du Sahara, n'a pas été tendre avec
les pneus de la 2 CV. Les crevaisons s'y sont multipliées !
Les Gadzarts publient
Les aventures
africaines
Passionné depuis toujours par l'Afrique et son
histoire, Jean-Michel Blouzard (Cl. 157), lauréat des
bourses de voyage Zellidja en 1955 et 1956, nous
entraîne à bord de sa 2 CV à travers ce continent.
Florilège de son livre «Carnets africains 1963-1964».
S
i, en 1963 et 1964, l'Afrique était relativement
«en paix, sauf quelques noyaux de
rébellion sous contrôle» (1)
empêché Jean-Michel Blouzard et Patrick
Deschodt, les deux compères de cette épopée
homérique, de vivre d'invraisemblables aventures
dont un séjour en prison ! Ainsi, en un peu plus
d'un an, ils ont parcouru 112 055 km, subi
199 crevaisons sans parler des multiples pannes
principalement dues à l'état des voiries : «Réparer
une Citroën 2 CV dans ces contrées isolées et sans
moyens financiers entraîne des défis quasi insurmontables»,
souligne l'auteur.
LE REGARD D'UN FRANÇAIS DE 25 ANS
Les 528 pages de «Carnets africains» proviennent
de notes écrites au jour le jour par Jean-Michel
Blouzard sur des cahiers d'écolier au cours de son
voyage de mars 1963 à mai 1964. Ces petits cahiers
ont été conservés plus de cinquante ans dans
un garage avec les négatifs de photos prises avec
du matériel amateur. Redécouverts au XXIe
siècle,
ces cahiers sont aujourd'hui publiés dans leur
version originale. L'écriture est celle d'un jeune
Français de 25 ans, né dans les années 30, traversant
un continent fortement marqué par un siècle
, cela n'a pas
de Jean-Michel Blouzard
d'occupation européenne et secoué par les souhaits
d'indépendance des différents États (2)
. Dans
certaines pages, Jean-Michel Blouzard a ajouté
des notes explicatives en bas de page en vue de
recontextualiser ses propos des années 60 pour
faciliter la compréhension des événements.
NOMS ET MOTS DU PASSÉ
La plupart des noms de pays, de localités, d'ethnies
ont changé, ce qui rend parfois difficile leur
localisation dans la tête du lecteur, mais les noms
anciens lui permettent de rencontrer l'Afrique
d'autrefois, qui n'est pas si lointaine. L'auteur a
choisi de ne pas respecter les conventions typographiques
en ne mettant pas de majuscule à
l'initiale des noms de groupes humains et de
conserver des appellations coloniales («blanc»,
«noir», «nègre», «métis», etc.).
«Ce récit n'est pas celui d'un journaliste enquêtant
sur un seul sujet, résume Jean-Michel Blouzard,
mais celui d'un voyageur intéressé par tout ce
qu'il rencontrait au cours de son périple, particulièrement
par la situation des minorités indiennes
" amenées " en Afrique par le colonisateur britannique
ou venues de leur plein gré.»
Éric Roubert
(1) Ressenti individuel à tempérer par la réalité historique : après
des révoltes violemment réprimées au fil des ans, le Kenya gagne
son indépendance en décembre 1963, le Malawi en juillet 1964.
(2)
De l'Afrique du Sud en 1910 (libérée du Royaume-Uni) à la
Namibie en 1990 (Afrique du Sud) - le cas du Liberia (1847) est
à part. En 1963, 19 pays africains sont encore colonisés.
Avril 1963, passage de l'équateur en
Ouganda, pays indépendant depuis six mois.
Août 1963, en route vers Johannesburg,
en Afrique du Sud.
Carnets africains
1963-1964
Jean-Michel Blouzard
(Cl. 157), préface de
Jacques Séguéla,
autoédition (jmblouzard@
gmail.com), mars 2020,
528 p., 45 €.
Arts&MétiersMAG
N°435 / avril 2022
73
PHOTO ARCHIVES J.-M. BLOUZARD
PHOTO ARCHIVES J.-M. BLOUZARD
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