Arts&MétiersMag - N°435 - Avril 2022 - 34

DOSSIER FORMER AU 4.0
La pénurie
elon le baromètre BPI France-Le Lab et
Rexecode de février dernier (1)
l'industrie de demain en Île-de-France est
, «les difficultés
de recrutement restent la première
préoccupation des dirigeants. Elles sont citées
par 57 % d'entre eux». Ce problème n'est bien
sûr pas lié à une pénurie de main-d'œuvre (plus
de 6,6 millions de personnes sont à la recherche
d'un emploi en France en 2021), mais bien à
une inadéquation entre l'offre et la demande de
compétences. Si on détaille le taux de difficulté
à recruter par secteur industriel, celui-ci atteint
61,3 % pour la métallurgie, 50,2 % pour le
secteur du travail du bois, papier et imprimerie
ou, encore, 48,3 % pour l'industrie agroalimentaire.
Les industries extractives, énergie et
gestion des déchets (34,4 %) ou l'industrie
chimique et pharmaceutique (35,2 %) figurent,
quant à elles, dans le bas du classement.
construit de façon collaborative par de grands
acteurs industriels, dont Safran, des centres de
formation franciliens (Afpa, Aforp) ou Dassault
Systèmes - qui a récemment lancé son programme
de centres d'excellence 3DExperience
Edu (3)
. Ce dernier crée un réseau mondial de
AIDER LES JEUNES À DÉCOUVRIR
LES MÉTIERS DE DEMAIN
Pour les entreprises industrielles, trouver des
solutions pérennes à cette pénurie de compétences
devient une condition sine qua non à la
réalisation de leurs objectifs de transformation
technologique. Dès lors, le développement et
la promotion d'une offre de formation initiale
tournée vers les métiers industriels innovants
doivent être des priorités pour les pouvoirs publics
comme pour les acteurs privés.
Des initiatives sont d'ores et déjà visibles à travers
des projets comme le CampusFab (2)
doufle (Essonne). Ce pôle d'excellence pour
à Boncentres
de formation où les compétences liées
à l'industrie du futur sont enseignées à l'aide de
la plateforme 3DExperience au centre de la
continuité numérique, connectée à des équipements
de production réels. «Fonctionnant
comme une usine-école, assure-t-on chez Dassault
Systèmes, ces centres sont des lieux attrayants
et bien équipés où les jeunes générations
viennent découvrir les emplois de
l'industrie de demain, mais aussi où l'industrie
et les éducateurs unissent leurs forces pour créer
des programmes d'apprentissage fondés sur
l'expérience, les projets et la pratique.»
Autre expérience, inaugurée en décembre dernier,
le Camex-IA Grand-Est (Campus des métiers
et des qualifications labellisé excellence)
est porté par le campus Arts et Métiers de Metz.
Ce consortium, centré sur la numérisation et
sur l'utilisation de l'intelligence artificielle appliquée
aux métiers de l'industrie, du bâtiment
et de la construction, fédère plus d'une trentaine
de partenaires : des entreprises, des lycées et
des établissements d'enseignement supérieur.
Grâce à ces nombreux partenaires répartis sur
l'ensemble de la région Grand Est, Camex-IA
va permettre de développer des niveaux de
Le développement et la promotion d'une offre de
formation initiale tournée vers les métiers industriels
innovants doivent être des priorités pour les pouvoirs
publics comme pour les acteurs privés.
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N°435 / avril 2022
de compétences 4.0
S
Intelligence artificielle, réalité augmentée, objets connectés, fabrication additive... L'industrie 4.0 s'appuie
sur des technologies nécessitant des compétences extrêmement spécialisées et régulièrement rafraîchies.
En France, si la pénurie de compétences dans le 4.0 est soulignée par les experts, des initiatives voient le jour.
compétences et de favoriser des
parcours d'excellence.
ET LA FORMATION
CONTINUE ?
«La multiplication d'initiatives de
ce type serait bien sûr une très
bonne nouvelle pour le secteur
industriel dans son ensemble»,
avance Antoine Labuche, de 9altitudes,
expert des questions d'industrie
4.0. «Mais l'évolution des
technologies sur lesquelles repose
l'industrie 4.0 est si rapide qu'une
démarche centrée sur la seule formation
initiale serait insuffisante !
Pour tirer le meilleur des nouvelles
technologies comme pour éviter
l'apparition de fractures générationnelles
trop fortes, la formation
continue doit occuper une place
prépondérante dans les dispositifs
de transmission de compétences.
Pour les industriels, développer
des politiques de formation continue
ambitieuses serait un moyen
idéal de remédier à la pénurie de
compétences selon des modalités adaptées à
leur secteur d'activité. Sans oublier qu'ils compenseraient
ainsi leurs difficultés de recrutement
par des perspectives d'évolution interne
motivantes pour leurs salariés.»
«La question cruciale est celle du référentiel des
formations à mettre en œuvre», prévient Thibaut
Duchêne, adjoint de l'administrateur général
du Conservatoire national des arts et
métiers (Cnam), qui est intervenu lors du
18e
séminaire de l'Observatoire des territoires
d'industrie, en septembre, en partenariat avec
l'École de Paris du management. Des industries
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