Arts&MétiersMag - N°435 - Avril 2022 - 21

VERBATIM
Promouvoir l'excellence
ÉRIC SAINCLAIR (Bo. 191), président du groupe Andqo
«Je constate une véritable pénurie dans le secteur de la
maintenance industrielle. Les filières techniques et les métiers
manuels souffrent d'une désaffection de la part des jeunes. Et le
niveau d'exigence pour l'obtention des diplômes ne correspond
pas toujours aux attentes des professionnels. Pour sortir de cette
spirale négative, il faut promouvoir l'excellence, revaloriser les
métiers par une exigence accrue. De toute façon, l'évolution
technologique réclame de plus en plus de connaissances et de
compétences sur le terrain. Par ailleurs, nos métiers sont très mal
connus du grand public. Nous devons mieux communiquer pour
les faire connaître car, avec l'avènement de l'économie circulaire
et l'abandon de l'obsolescence programmée, les métiers de la
maintenance ont de beaux jours devant eux.»
vocations, s'il n'y a aucune connaissance de la vie extérieure
à l'école, au collège, au lycée ?» s'interroge un dirigeant
d'entreprise. Renforcer le partage semble également essentiel
pour augmenter le nombre de jeunes dans ces filières. Les
entreprises doivent ouvrir leurs portes aux étudiants et venir
présenter leurs métiers dans les établissements scolaires, à
tous les niveaux de formation. Nourrir un lien très fort avec
les établissements formant aux métiers de la maintenance :
voilà un rapprochement auquel travaillent activement de
nombreux responsables de formation, clubs de chefs d'entreprise,
syndicats et organisations professionnels.
Il faut aussi donner du sens au métier et des perspectives à
des jeunes qui se retrouvent parfois en filière maintenance
par défaut ou sans connaître le métier. On pourrait commencer
par valoriser le rôle des techniciens de maintenance :
leur action permet souvent à une cinquantaine d'opérateurs
de travailler dans de bonnes conditions de disponibilité des
équipements. Un métier porteur également d'un impact
positif sur l'environnement : basé sur la réparation, il est au
cœur des enjeux sociétaux. Enfin, la maintenance est un
nœud des enjeux technologiques des entreprises, particulièrement
durant la phase d'automatisation et de robotisation
que traversent les usines de nos territoires.
Entre valorisation du métier et attrait des entreprises, les
industriels, et particulièrement leur service RH, doivent
relever un défi de taille pour faire tourner leurs usines dans
de bonnes conditions. Si la fonction maintenance n'est pas
la seule à être en tension, elle est aujourd'hui l'une des plus
symptomatiques de la désaffection des jeunes pour l'industrie
en général. Un désamour qui se soigne avec l'aide de mouvements
particulièrement dynamiques, comme la French
Fab ou l'Alliance industrie du futur, et avec l'énergie conférée
par la passion des ingénieurs. Les causes sont sans doute
derrière nous, les solutions sont en cours et les impacts
positifs à venir. Soyons confiants et engagés pour soutenir
la réindustrialisation de la France !
Grégoire Buffet (Bo. 191) et Miroslav Lukic (Li. 190)
Un déficit d'image
manutention (Seimat)
«La maintenance dans les travaux publics, ce sont des emplois
solides, pérennes et techniques, un secteur dans lequel les
embauches sont assurées car les candidats manquent à l'appel.
Pourquoi une telle difficulté à recruter ? Le problème vient avant
tout de la méconnaissance des métiers de la maintenance des
matériels de construction. On constate aussi un déficit d'image
du monde des travaux publics : il paraît difficile aux yeux du grand
public, qui pense que ça n'exige ni compétences ni technicité.
C'est complètement faux.» Le club Seimat, association
regroupant une quarantaine d'entreprises de l'univers des
matériels de construction, a pour but de promouvoir cette filière.
De nombreuses initiatives sont menées pour attirer les jeunes :
concours annuels en lien avec les établissements de formation,
journées portes ouvertes, séminaires, etc.
PASCAL PETIT-JEAN, secrétaire général du Syndicat des entreprises internationales
de matériels de travaux publics, mines et carrières, bâtiment et levage,
Former en alternance
BENOÎT MENARD, directeur adjoint de l'Institut de formation
de l'industrie alimentaire de Nouvelle-Aquitaine (Ifria)
«L'industrie agroalimentaire a longtemps développé ses marques
autour de la notion de " produit artisanal " . Ce faisant, elle a mis de
côté son aspect industriel. Pourtant, une démarche industrielle
moderne et des techniciens aux compétences multiples sont
essentiels pour produire de gros volumes. Pour pallier les
difficultés de recrutement, les adhérents de l'Ifria souhaitent faire
découvrir la technicité des métiers alimentaires et développer la
formation en alternance afin de transmettre les savoir-faire en
situation réelle. Les industriels passent beaucoup de temps à
faire visiter et expliquer leurs installations. Ils travaillent ainsi leur
marque employeur en vue d'attirer des jeunes.» L'Ifria fédère des
industriels et leurs partenaires qui se consacrent aux besoins en
compétences de la filière alimentaire.
Arts&MétiersMAG
N°435 / avril 2022
21
Arts&MétiersMag - N°435 - Avril 2022

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