Arts&MétiersMag - N°428 - Juin/Juillet 2021 - 17

Une
alliance
industrielle
4
3
1 Mise en place des
pièces par l'opérateur
régleur en vue de souder
des boîtiers par frictionmalaxage
sur un centre
d'usinage trois axes.
2 Finalisation de la mise
au point d'une opération
d'usinage par une
opératrice régleuse.
3 Contrôle automatique
d'une pièce usinée sur
un équipement de
contrôle tridimensionnel.
4 Vue générale de
l'atelier de fabrication
de Calip Normandie
profilé, à Moult (Calvados),
côté centre d'usinage
grandes longueurs.
originale
Comment devenir plus fort
quand on est plus petit que
les autres ? En faisant
alliance. Deux chefs
d'entreprise - celui de Calip
Rhône-Alpes et celui de Calip
Group (qui détient les filiales
Calip Normandie, Calip
Normandie profilé et Calip
Romania) - ont décidé
d'unifier leurs services
commerciaux - autrement
dit, de chasser en meute.
Les raisons sociales portent
des noms différents mais ne
forment qu'une seule entité
commerciale vis-à-vis des
clients : Calip.
Le chiffre d'affaires des deux
entreprises a respectivement
progressé, jusqu'à 33 millions
d'euros en 2020, et ce,
malgré la crise sanitaire.
entre sciage et usinage», précise Alain Lozach. Le troisième
changement portera sur l'analyse des données collectées.
L'une des ambitions est l'anticipation de l'usure ou de la
rupture des outils de coupe et des pannes de machines.
«Aujourd'hui, assure le directeur de la recherche et du développement,
on découvre l'usure des outils de coupe
pendant le contrôle tridimensionnel des pièces usinées. Les
dégâts ont malheureusement parfois déjà été faits. L'intelligence
artificielle et les mégadonnées permettent d'anticiper
l'usure grâce à l'analyse des vibrations, de l'acoustique, des
évolutions des dimensions des pièces usinées, etc.» Se posent
également des questions sur l'origine et le coût de ces programmes
d'analyse potentiellement fournis soit par les fabricants
de machines-outils soit par des centres techniques.
FRICTION-MALAXAGE POUR L'AUTOMOBILE
Pour Alain Lozach, «le niveau d'innovation du soudage par
friction-malaxage est comparable à celui de la fabrication
additive». Ce procédé innovant de soudage par voie solide
des alliages d'aluminium était, jusqu'à récemment, employé
en utilisant une machine dédiée. Il peut maintenant être mis
en œuvre sur des machines-outils traditionnelles grâce à la
société bretonne Stirweld, qui a développé une tête de
soudage s'adaptant aux centres d'usinage. Calip Normandie
a été son premier client, dès 2017, ce qui en fait l'un des
rares acteurs à maîtriser cette technologie en France.
«Ce procédé fournit des soudures plus résistantes que les
technologies de soudage traditionnelles Tig ou Mig, se réjouit
le directeur de la recherche et du développement. Il intéresse,
entre autres, les acteurs du secteur aéronautique. Membre
du réseau Normandie AeroEspace, Calip Normandie tire
une partie significative de son chiffre d'affaires auprès de
cette filière. Mais la crise sanitaire est passée par là...»
Aujourd'hui, l'un des défis est faire adopter ce procédé par
le secteur automobile, moins familier de l'aluminium. L'un
des plus réceptifs serait Renault, qui connaît bien la technique
de friction-malaxage pour l'avoir déjà utilisée sur des
caissons en aluminium destinés à recevoir les batteries de la
Zoé. La subvention du secrétariat d'État chargé de l'Industrie,
dans le cadre du plan France Relance, doit justement contribuer
à faire la promotion du soudage par friction-malaxage
auprès des bureaux d'études, encore conservateurs dans
leurs choix techniques, ainsi que par l'intermédiaire des
centres de formation dédiés à l'industrie. Pourtant, cette
technologie permet de souder certaines nuances d'aluminium
réputées non soudables, notamment les références 2000 et
7000. Avec, de surcroît, de très bonnes caractéristiques
mécaniques et une étanchéité parfaite de la soudure.
La formation passe par l'Éducation nationale et les organismes
de formation continue, avec lesquels Calip Normandie
est prêt à collaborer pour transmettre ses savoir-faire.
Djamel Khamès
(1) Technique de soudage à l'état solide qui consiste à assembler deux pièces en
les amenant à un état pâteux grâce à un pion en rotation. Ce procédé, inventé en
1992 par les Britanniques du Welding Institute (équivalent de notre Institut de
soudure), est principalement utilisé pour assembler des alliages de métal,
comme l'aluminium. On l'applique aujourd'hui aux alliages de titane, de cuivre,
de nickel, de magnésium, aux thermoplastiques et aux composites à matrice
métallique. Le prochain défi est de l'appliquer aux aciers et aciers inox.
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N°428 / Juin-juillet 2021
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