Arts&MétiersMag - N°424 - Février 2021 - 22

ENTREPRISE USINE DU FUTUR

TOSHIBA TEC,

LES SUCCÈS D'UN ANTI-MODÈLE
L'usine Toshiba TEC de Dieppe assemble et configure des photocopieurs en France. C'est aussi
la seule usine européenne à produire en même temps de l'encre pour leurs cartouches.
Alain Verna (Ch. 180), PDG de Toshiba TEC Europe Imaging System, nous dévoile les clés du succès
de ce site dans un secteur concurrencé par les pays à bas coûts de main-d'œuvre.

PHOTO TOSHIBA TEC

e 5 mars 2019, Alain Verna (Ch. 180), PDG de
Toshiba TEC Europe Imaging System(1), recevait le
label «Vitrine de l'industrie du futur» des mains
d'Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée à
l'Industrie, au salon Global Industrie à Lyon. Le fruit
de plusieurs années d'efforts continus. Pour comprendre
l'importance de ce succès, un détour par l'histoire du site
dieppois (Seine-Maritime) s'impose. Implanté en 1986 par
le japonais Toshiba, on y assemblait des photocopieurs.
Quatre ans plus tard, l'activité est déplacée sur un site tout
proche de 15 ha. «Parallèlement, suit la montée en valeur
ajoutée», se rappelle Alain Verna. Comme ses consœurs
nippones installées en Europe, l'usine intègre d'avantage de
sous-traitants locaux pour des pièces autrefois importées.

ALAIN VERNA
(Ch. 180), PDG de
Toshiba TEC Europe
Imaging System.

LA CHINE, CE TRUBLION

PHOTO TOSHIBA TEC

En 1992, Toshiba y adjoint une unité de fabrication de
poudres pour cartouches d'encre (toner). «L'usine couvre
depuis les besoins de toute l'Europe sur les quatre couleurs

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N°424 / Février 2021

L'équipe de la start-up
GreenBig contrôle les
derniers ajustements de
ses bornes de
déchiquetage de
bouteilles en plastique.
Toshiba, qui a participé
à son industrialisation,
va en assembler
plusieurs dizaines sur
ses lignes de production.

et exporte près de 500 tonnes d'encre noire en Chine», se
félicite Alain Verna. Le site dieppois est l'un des rares en
France, sinon le seul, à accueillir les deux grandes familles
industrielles, côte à côte : manufacturière (assemblage des
photocopieurs) et procédés (fabrication des poudres). Un
centre logistique d'envergure européenne est venu renforcer
l'édifice en 1997.
L'usine dieppoise de Toshiba avait réussi à créer un écosystème fructueux pour elle, la région et ses fournisseurs (tôlerie,
injection plastique, électronique...), jusqu'à l'adhésion de
la Chine à l'Organisation mondiale du commerce le 11 décembre 2001. À partir de cette date, le mouvement d'installations d'usines dans ce pays, voire de délocalisations depuis
l'Europe ou les États-Unis, s'est accéléré. La poignée d'usines
de montage de photocopieurs japonais en France (Canon,
Minolta, Ricoh) se sont restructurées. Le site de Toshiba a
su résister jusqu'à reconvertir une bonne partie de ses activités. Alain Verna, qui a quitté, cette année-là, sa fonction
de directeur technique pour celle de directeur général, nous
en donne la raison : «Nous avons combattu avec ténacité
pour le maintien du site. Nous y sommes parvenus en
choisissant une organisation flexible : l'usine a été configurée
pour livrer les photocopieurs une semaine après la prise de
commande, un record à l'époque. Avant, la production était
programmée trois à six mois à l'avance. Évidemment, le
changement a été négocié avec les salariés et fut progressif.
Depuis, difficile pour les Chinois de nous concurrencer sur
les indicateurs de satisfaction clients auxquels les Japonais
accordent une attention particulière.»

DU «MANUFACTURING» AUX SERVICES
Aujourd'hui, sur 80 % du territoire national, il s'écoule
seulement 48 heures entre la prise de commande et la livraison des photocopieurs assemblés et configurés selon les
prescriptions du client.
L'année 2008 fut également un tournant. «La direction du
siège mondiale nous a annoncé la fin de l'assemblage des
photocopieurs à partir des pièces fournies par nos soustraitants. Le site normand devait fermer, occasionnant

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