Arts&MétiersMag - N°423 - Décembre 2020/Janvier 2021 - 88

par

PHOTO MUSÉE DES BEAUX-ARTS DE LIMOGES  /  L. LAGARDE

«Valadon et ses contemporaines» et la
collection égyptienne Périchon-Bey (An. 1886)
au musée des Beaux-Arts de Limoges

Henri Frier
(Ai. 163)

&Peintres
ses contemporaines
et sculptrices,

1880-1940

Suzanne Valadon- La Chambre bleue - 1923 - Huile sur toile, 90 x 113 cm (détail) - Paris, Centre Pompidou - Musée national d'art moderne/CCI, déposé au musée des Beaux-Arts de Limoges, inv. LUX.1506 P (achat de l'État, 1924) / Cliché © Centre Pompidou, MNAM - CCI, Dist. RMN - Grand Palais / Jacqueline Hyde
Conception : Ateliers d'édition , direction de la communication - Ville de Limoges

Cousin, cousine
de Bessines
Le musée occupe depuis 1912 l'ancien palais
épiscopal. Son récent réaménagement a permis la création
d'une salle d'exposition temporaire de 400 m², semi-enterrée
et résolument épurée. C'est là qu'est présentée l'exposition
consacrée à Suzanne Valadon (1865-1938) et aux artistes
féminines de sa génération, peintres et sculptrices.
Pourquoi Limoges ? Suzanne Valadon, figure majeure de la
bohème de Montmartre, est née en 1865 à Bessines (1), village
situé à 35 km du chef-lieu de la Haute-Vienne dont le musée
conserve aujourd'hui cinq peintures et une gravure.
La thématique de cette exposition itinérante, montée en
association avec le monastère royal de Brou (2), développe
l'esprit qui a présidé à la réorganisation du musée autour de
la figure féminine, à la fois artiste et modèle. Ce parti pris
s'écarte pour notre plus grand plaisir du traitement ressassé
d'une artiste à l'ombre de son fils, Maurice Utrillo, alors
qu'elle fut son maître, ou de son ami, le peintre André Utter,
qu'elle a épousé en 1914. On en avait presque occulté que
Suzanne Valadon, autodidacte, a été la première femme
reconnue par la Société nationale des Beaux-Arts en 1894,
et que tous les ténors du post-impressionnisme, du cubisme
et du surréalisme lui ont rendu hommage.
L'exposition présente une centaine d'œuvres, dont trente de
Suzanne Valadon, la plus connue du grand public avec Marie
Laurencin, Camille Claudel, Léonor Fini et Tamara de
Lempicka. Le visiteur découvre la modernité, l'audace, la
diversité des expressions plastiques de ces créatrices qui ont

LA COLLECTION ÉGYPTIENNE
D'UN GRAND DONATEUR

PHOTO MUSÉE DES BEAUX-ARTS DE LIMOGES  /  F. MAGNOUX

Ouchebti de
Padisémataouy,
faïence égyptienne,
H 18,2 x l 5,3 x P 3,8 cm,
époque de
Psammétique II (inv.
E. 804).
Modèle de barque,
bois peint et lin,
L 65,9 x H 29 cm,
fin de la 1re période
intermédiaire ou début
du Moyen Empire. Legs
Périchon-Bey, 1931
(inv. E. 965).

PHOTO MUSÉE DES BEAUX-ARTS DE LIMOGES  /  F. MAGNOUX

Ci-contre, l'exposition
«Valadon et ses
contemporaines».
À gauche, statue d'Hélène
Bertaux, «Jeune Fille au
bain», 1873 (Chalon-surSaône, musée VivantDenon, inv. S57). À droite,
l'affiche de l'exposition
reproduit partiellement
«La Chambre bleue»,
tableau peint par Suzanne
Valadon en 1923.

su s'affranchir des interdits et des conventions sociales (par
exemple en abordant le nu masculin). Il saisit mieux quel
rôle Valadon et consœurs ont joué lors de l'explosion artistique française de 1880 à 1940.

LIMOGES

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PHOTO C. MOITIÉ / AMM

CULTURE & LOISIRS À VOIR

Nous poursuivons notre visite dans l'ancien palais où sont
présentées les collections permanentes. Dans les sous-sols
du musée, l'histoire de la ville de Limoges est contée, de
l'époque gallo-romaine au début du XXe siècle. Le rez-dechaussée est réservé aux peintures ; l'étage à une des plus
importantes expositions d'émaux et, enfin, à la galerie
égyptienne. Le musée doit l'essentiel de sa riche collection
d'antiquités égyptiennes, près de 2 000 pièces, à la générosité
de Jean-André Périchon-Bey (1860-1929), ingénieur Arts
et Métiers (An. 1886), né, comme Suzanne Valadon, à
Bessines mais cinq ans plus tôt (3). Le Gadzarts a fait une
brillante carrière industrielle, dont vingt-deux ans en Égypte,
où il dirigeait les grandes sucreries khédiviales. Grand
amateur d'égyptologie, il a constitué une collection d'objets
provenant essentiellement de sites de Moyenne-Égypte, dont
il légua la moitié au musée. On y trouve des sarcophages,
des masques et statuettes funéraires («ouchebtis»), des
amulettes, des vases canopes, etc., témoignages de l'histoire
pharaonique jusqu'aux époques copte et romaine. Dans un
éclairage tamisé, un exceptionnel ensemble de «modèles»
(maquettes de bois accompagnant les défunts dans leur
ultime voyage) du Moyen-Empire fait face à une vitrine de
figurines en bois peint ou en terre cuite. La galerie a progressivement été enrichie par des dépôts du Louvre et des
acquisitions de la mairie.
Au fait, Valadon se prénommait Marie-Clémentine, c'est
Toulouse-Lautrec qui l'a surnommée Suzanne, car elle posait
nue au milieu de vieillards comme l'héroïne biblique. Quant
à Périchon, il a reçu le titre honorifique de «bey», accolé
ensuite officiellement à son patronyme, par le «khédive»
Abbas II. Quels romans que ces deux vies ! 
 Aujourd'hui Bessines-sur-Gartempe.
 L'exposition sera ensuite présentée, du 13 mars au 2 juin, au monastère royal de
Brou, 63, boulevard de Brou, à Bourg-en-Bresse (Ain) ; www. monastere-de-brou.fr
(3)
 Valadon et Périchon-Bey seraient issus d'un même couple au huitième degré,
selon l'association Racines à Bessines.
(1)
(2)

Exposition Valadon jusqu'au 14 février 2021 au
musée des Beaux-Arts de Limoges, palais de l'Évêché,
1, place de l'Évêché, à Limoges ; 05 55 45 98 10 ;
www.museebal.fr
Arts&MétiersMAG

N°423 / Décembre 2020-Janvier 2021
http://www.monastere-de-brou.fr http://www.museebal.fr
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