Arts&MétiersMag - N°412 - Octobre 2019 - 67

La pierre de Rosette
reproduite en intégralité

C'est à ce dernier que revient
(en France) la paternité du
déchiffrage des écritures en 1822
- il ne s'est rendu en Égypte
qu'en 1828 et rien n'indique qu'il
ait vu la pierre elle-même.   J. P.
(1)
 Constituée au VIIe siècle avant J.-C.,
l'écriture démotique est une simplification
du hiératique, lui-même simplification
des hiéroglyphes.

PHOTO DR

les noms en reconnaismoignages avantageux
sance de leur apport
qui m'ont été rendus
lors de la création
de votre probité,
de l'École d'Arts et
de vos lumières et
de votre habileté
Métiers.
Joseph Labâte jusà conduire les
tifie, à lui seul, une
hommes et les
attention toute
affaires ne me
particulière. Médelaissent aucun doute
cin aux armées, sa parque vous justifierez ma
ticipation à la campagne
confiance et celle du gouJoseph Labâte,
d'Égypte lui a peut-être
vernement.» C'est sous sa
chirurgien lors
valu, à son retour, d'être
direction que l'École fut
de la campagne
d'Égypte, a été
nommé par Chaptal protransférée de Compiègne
à son retour
viseur de l'École d'Arts et nommé directeur à Châlons-sur-Marne en
de l'École d'Arts
Métiers le 11 vendémiaire
1806 (3) et devint École imet
Métiers
de
de l'an XII (le 4 octobre
périale. Décoré de la LéCompiègne.
1803) : «Citoyen, le Pregion d'honneur par le roi
mier consul vous a nomen 1814, il est resté à son
mé, sur mon rapport, proviseur de poste jusqu'en 1823.
l'École des Arts et Métiers de ComJacques Paccard (Ch. 64)
piègne. Je vous transmets [...] l'ar- (3) Lire aussi l'article que signe Michel
rêté de votre nomination. Les té- Mignot (Cl. 60) dans ce numéro, p. 48.
R

tout connu pour son invention du crayon, Nicolas
Conté y participait en tant
que chef de brigade des aérostiers. Il en fit bien plus au
cours de la campagne qu'il
«sauva» à plusieurs occasions : liaisons télégraphiques, construction d'un
phare, fabrication de centaines d'outils et d'instruments scientifiques... Un
vrai « gadzarts » avant
Le Portique du grand temple de Philae est
l'heure. Son inventivité et
la planche 18 tirée du volume I.
son dynamisme firent dire
Les exemplaires remis aujourd'hui au ministre de l'Intérieur : «Il est
à la Fondation, dans des états de permis de s'enorgueillir quand on
conservation variables, comptent peut dire comme vous : j'ai fabriqué
plus de 400 planches de gravures en le premier acier, j'ai fondu le premier
excellent ou bon état, dont certaines canon.» Nicolas Conté fut un des
en couleurs, la plupart consacrées à premiers administrateurs du
l'Égypte antique. Au vu de la taille de Conservatoire des Arts et Métiers
ces documents et de leur fragilité fondé par l'Abbé Grégoire, et un so(64 planches et reliures dégradées), ciétaire de la Société d'encourageseul un archivage professionnel est ment de l'industrie nationale, à l'inssusceptible de les préserver et de les tar de Louis Costaz.
mettre en valeur. Ce don à la Fonda- L'Institut d'Égypte existe toujours,
tion rappelle aussi le lien entre cette non loin de la place Tahrir, au Caire.
grande entreprise culturelle et scien- Il a subi un dramatique incendie en
tifique qu'a été la «Description» et décembre 2011 au cours duquel
l'univers d'Arts et Métiers.
8 volumes de l'édition originale de
la «Description» furent détruits, renDes hommes liés
dant encore plus précieux les exemplaires existants. Louis Costaz, maaux Arts et Métiers
Nicolas Jacques Conté, Louis Cos- thématicien, en fut le secrétaire
taz, Claude-Louis Bertholet, Joseph adjoint à sa création. Il s'est investi
Jean Jacques Labâte ou Edme-Fran- ensuite dans l'organisation du
çois Jomard (lire l'encadré ci-dessus) Conservatoire des Arts et Métiers.
participèrent tous à la campagne Quant à Gaspard Monge et Clauded'Égypte. Ces noms évoquent à dif- Louis Berthollet, deux salons presférents titres les Arts et Métiers. Sur- tigieux de l'hôtel d'Iéna en portent

Assemblées, les planches 50-51-52
restituent les textes de la pierre de Rosette
(112,3 5 75,7 5 28,4 cm, 762 kg), conservée
au British Museum, à Londres.

PH
OTO
D

de l'armée britannique l'a
obtenue du général français par
un article de la capitulation»,
ainsi qu'il est écrit dans les
explications de la planche 52 du
volume V. Il y est également noté
que cette planche fut dessinée en
confrontant les copies faites sur
place avec celles de moulages
réalisés à Londres. On sait que
Edme-François Jomard, qui eut
un rôle majeur dans la
réalisation de la «Description»,
fut autorisé à se rendre à
Londres en 1815 pour affiner les
moulages initiaux. La gravure
finale a été éditée en 1817.
La saga du déchiffrage des
hiéroglyphes à partir de ces
moulages a suscité de nombreux
ouvrages qui citent Thomas
Young, Edme-François Jomard,
Jean-François Champollion.

Deux siècles après
la parution en 1809
du premier volume
de la «Description
de l'Égypte»,
l'œuvre a été
exposée sous le
dôme des Invalides,
à Paris 7e, durant
l'été 2009. La voici
présentée au Sénat
dans une superbe
bibliothèque
«retour d'Égypte».

PHOTO DR

Publié en 1817, le volume V de la
«Description de l'Égypte»
comporte une reproduction
intégrale de la pierre de Rosette
à l'échelle 1 sur trois planches
doubles. L'inscription qu'elle
comporte est un décret
promulgué à Memphis par le
pharaon Ptolémée V en 196 av.
J.-C. Le décret est écrit en deux
langues (égyptien ancien et grec
ancien) et trois écritures :
hiéroglyphes, démotique (1) et
alphabet grec. La pierre fut
découverte le 15 juillet 1799 par
le capitaine du génie Bouchard
près d'Alexandrie. Des moulages
«au soufre» sont effectués
aussitôt par le naturaliste
Raffeneau Delille. En 1801,
l'armée de Bonaparte est défaite
par les Anglais à Alexandrie.
«C'est là que le général en chef

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