À PARIS - N°66 - Été 2018 - 25

D É C O U V E R T E S * 25

À Paris, les abeilles
goûtent à la douceur de vivre

Émilie Chaix / Mairie de Paris

Les abeilles sont plus de quarante millions à bourdonner dans la capitale. Et parce
que leur intérêt va au-delà de l'aspect bucolique, la Ville s'engage à développer des
ruchers. Visite dans celui du parc Georges-Brassens (15e), à vocation pédagogique.

Au rucher pédagogique du parc Georges-Brassens (15e), un apiculteur sensibilise les enfants à l'intérêt des abeilles.

ecouverte d'un camail pour se protéger le visage et
la tête, l'enfumoir à ses pieds, Odile Tromelin fait
observer à la vingtaine d'écoliers, également protégés d'un voile, un cadre extrait d'une des quinze ruches
du parc Georges-Brassens (15e), recouvert de milliers
d'abeilles. Issues de la variété Buckfast, les reines et leurs
colonies ont été sélectionnées pour leur douceur et leur
tranquillité. « Regardez les alvéoles, on distingue bien le
couvain, le pollen, le nectar et là, le miel », explique cette
passionnée de 37 ans, orthophoniste de profession. Une
fois par semaine, elle revêt sa combinaison d'apicultrice
bénévole pour ce rucher pédagogique. Comme elle, ils
sont une douzaine d'intervenants à sensibiliser les enfants
sur les millions d'abeilles domestiquées de la capitale.
INSOLITE

PARCS ET TOITS BOURDONNENT

Le premier rucher de Paris a été installé en 1856 au
jardin du Luxembourg (6e), conçu pour servir de
rucher-école aux apiculteurs. Deux ruches dominent
le rocher du parc Monceau (8e), six autres profitent
du jardin Kellerman (13e) et une dizaine cohabitent
dans le jardin de l'Aqueduc (14e). Parmi les endroits
insolites qui accueillent les butineuses : le toit de
l'Opéra Garnier (9e), celui du Grand Palais (8e) ou
encore du musée d'Orsay (7e).

Un miel au goût de menthe
Avec la diversité de ses plantations, la multiplication de
ses espaces verts, les méthodes de culture sans pesticides,
Paris séduit de plus en plus les abeilles. Les deux récoltes
annuelles du rucher Georges-Brassens permettent de
récolter entre deux cents et six cents kilos de miel. « C'est
surtout un miel d'arbres, précise Yves Le Cunuder, apiculteur et responsable du rucher. Les abeilles butinent
en hauteur sur les tilleuls, les marronniers ou les acacias.
Elles ne sont donc pas au ras des tuyaux d'échappement. »
La personnalité du miel parisien ? Un goût doux de
menthe sucré très apprécié. Le miel du rucher GeorgesBrassens a d'ailleurs reçu la médaille d'argent au concours
des miels d'Île-de-France.
Mais produire du miel n'est pas le seul enjeu de ce rucher,
qui se veut avant tout un espace pédagogique. Depuis sa
création il y a trente-deux ans, près de cent mille enfants
ont été accueillis, de la maternelle au CM2. Pendant deux
heures, les petits Parisiens découvrent le fonctionnement
d'une ruche, l'élaboration du miel et le travail de pollinisation. « Les enfants savent aujourd'hui que les abeilles
sont en danger et que sans elles, il n'y a pas de vie. Ils sont
très attentifs, ce sont des protecteurs ! », se réjouit Yves Le
Cunuder. La Ville de Paris s'engage à installer 19 nouveaux
ruchers dès septembre 2018 sur le domaine municipal,
dans les espaces verts et les cimetières parisiens. ◆
INFOS ↦ Société centrale d'apiculture : www.la-sca.net

Été 2018 - À P A R I S

http://www.la-sca.net

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