Les clés de la presse - n°34 - Automne 2013 - (Page 8)

8 l'événement Les Clés de la presse - automne 2013 Coup de fil à... Louis Echelard « Ouest France doit délivrer une meilleure prestation qu'avant avec moins de moyens » S'il est désormais le premier groupe de presse français avec un peu plus d'un milliard d'euros de chiffre d'affaires en 2012, Sipa-Ouest France n'est pas épargné par la crise. Un plan de sauvegarde de l'emploi a été présenté le 21 octobre en comité d'entreprise, qui prévoit 137 suppressions de postes en équivalent temps complet (sur 1 500) pour le seul quotidien. Celles-ci se feront uniquement sur la base de départs volontaires et ne concerneront pas les journalistes. Explications avec Louis Echelard, le vice-président du groupe rennais. * Vous venez de présenter en comité d'entreprise un plan de réduction des effectifs. Pourquoi ? Louis Echelard. A Ouest France, nous n'échappons pas au vent défavorable que subit la presse avec une baisse de nos diffusions et de nos recettes publicitaires. Le premier trimestre 2013 a été épouvantable : certes, le Web compense un peu, mais ce n'est pas suffisant pour enrayer une dégradation de nos comptes d'exploitation. Aujourd'hui, nos revenus baissent, mais nos charges, dans le même temps, augmentent. Il nous faut donc trouver des économies dans tous les domaines. Comment cela va-t-il se traduire ? L.E. Nous avons présenté en comité d'entreprise un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) qui prévoit 137 suppressions de postes en équivalent temps complet. Celles-ci se feront uniquement sur la base de départs volontaires et ne concerneront pas les journalistes. Ce qui va nous obliger à revoir nos organisations. Mais agir sur les coûts ne suffit pas, il faut poursuivre nos investissements, notamment sur le numérique. Que représente le digital dans votre activité ? Et quels sont vos objectifs à deux ou trois ans ? L.E. Actuellement, l'ensemble de nos activités numériques, regroupées autour de Ouest-France.fr et des applications mobiles, représentent 5 % de notre chiffre d'affaires. A trois ans, pour que ce soit significatif, elles ont vocation à dépasser les 10 %. Mais nous devons pour cela imaginer des services à forte valeur ajoutée. Une grande partie de la presse quotidienne régionale adopte un modèle économique payant. Où en êtes-vous dans votre réflexion ? L.E. Le passage au payant est programmé pour 2014. Pour l'instant, nous en sommes encore au gratuit, que ce soit sur notre site généraliste ou sur des sites associés comme Ouest France entreprises. L'évolution vers un modèle économique payant concerne aussi la lecture numérique du journal, que ce soit en PDF ou à l'article, et l'abonnement. Nous avons ainsi lancé l'été dernier une offre d'abonnement associant le papier et le Web et une offre exclusivement numérique qui a déjà dépassé les 1 000 abonnés. Quelle est votre position sur le marché des tablettes ? L.E. Une offre spécifique est prévue pour la mi-2014. L'idée n'est pas de proposer le contenu du journal, ni une simple adaptation, mais d'imaginer une édition nouvelle délivrée à un moment différent de la journée, qui permette une interaction permanente avec nos lecteurs. Vous parliez tout à l'heure de la nécessité de revoir vos organisations. Quelle est votre ligne directrice ? L.E. Je parlerai même de refondation, qui doit concerner tous les métiers du journal. Notre ambition est de délivrer une meilleure prestation qu'avant avec moins de moyens. C'est ce dont nous allons discuter avec les organisations syndicales, notamment la mise en place d'une newsroom de 2 000 mètres carrés au cours de l'année prochaine. Mais attention, il ne s'agit pas seulement de modifier l'espace de la rédaction, le fonctionnement doit aussi évoluer, avec un maître mot : la fluidité. La nouvelle organisation ne sera pas figée, ni régie par des contraintes physiques ou techniques. Et c'est certainement notre plus grand défi. Parallèlement, nous allons continuer d'investir lourdement dans le papier, puisque 32 millions d'euros sont prévus pour acquérir de nouvelles rotatives et aménager une nouvelle salle d'expédition. Et une somme encore supérieure sera investie dans nos déclinaisons numériques dans les trois années qui viennent. Comme vous voyez, nous croyons encore à la presse traditionnelle. Propos recueillis par D.F. http://www.Ouest-France.fr

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