Les Clés de la presse - Magazine n°49 - 6

l'événement

Les Clés de la presse - n°49

La reprise en main
par les éditeurs de jeux
Persuadé du potentiel énorme pour
les marques et les diffuseurs, Thomas
Gavache a quitté son poste chez Twitter
il y a quelques mois pour se spécialiser dans la gestion de droits dans le
domaine de l'e-sport. Sa société, Good
game management, qui gère les contrats
entre marques, diffuseurs et ayantdroits du monde de l'e-sport, a intégré
l'incubateur de start-up de M6. « La
diffusion de compétitions en live présente a priori, comme dans le sport
traditionnel, le plus gros potentiel
de monétisation pour les diffuseurs,
car c'est là où se concentrent les
audiences, donc la valeur pour les
annonceurs », déclare l'entrepreneur,
qui rappelle que les montants d'acquisition de droits peuvent être élevés,
en particulier à l'étranger, et le
média TV pas forcément adapté. « Il
faut donc choisir le bon canal de diffusion et prouver cette valeur aux
marques pour assurer un retour sur
investissement positif », dit-il.
Bien conscients du potentiel de
l'e-sport, les éditeurs ont de plus en
plus tendance à reprendre la main sur
les droits de leurs jeux. Ils ont compris qu'ils pouvaient en profiter pour
rallonger le cycle de vie de leurs produits et gagner de l'argent sur les
compétitions. En 2016, l'éditeur Riot
games a signé un partenariat record
d'au moins 300 millions de dollars avec
BamTech, détenue à 75 % par Walt Disney, pour les droits de diffusion en
ligne des compétitions de League of
legends et leur monétisation. « La culture gaming prend de plus en plus de
place et l'e-sport aussi, analyse Olivier Attal, responsable du Canal esport club. Les jeux de demain qui sortiront en réalité augmentée, en
réalité virtuelle, auront toujours une
connotation compétitive parce que les
éditeurs ont bien compris que cela
invite à créer des événements,
Aujourd'hui, ils vendent des jeux.
Demain, ils vendront des billets dans
les stades. Il faut être là pour suivre
cette évolution, la décrypter, la rendre plus simple et plus agréable à
regarder. » Un rôle que les médias peuvent jouer pour l'alimenter et en prendre une part.
Iris Chartreau

Coup de fil à...
Laurent Michaud

« L'audience est
massive et attractive »
Pour Laurent Michaud, directeur
d'étude à l'Idate, le marché de
l'e-sport n'en est qu'à ses débuts. Et
les médias devraient s'y intéresser de
plus en plus, dans la mesure où les
audiences sont massives, essentiellement sur le Web, et que l'investissement reste peu élevé pour des annonceurs qui ont du mal à toucher la
génération des millenials qui se
détournent des médias traditionnels.

Les Clés de la presse. Les médias
commencent depuis deux ou trois ans à
s'intéresser à l'e-sport. Quels sont
les enjeux pour eux ?
Laurent Michaud. Il y a un réajustement de la stratégie des acteurs des
médias. Les millenials sont une partie
du problème mais pas que : il y a aussi
la génération suivante. Aujourd'hui,
il est compliqué de s'adresser à cette
génération née entre 1980 et 2000. Il
sera tout aussi compliqué de s'adresser à la génération née entre 2000 et

||Chiffres clés ||
Audience mondiale
385 millions de personnes en 2017,
589 millions en 2020.
Marché des droits médias
50 millions de dollars en 2016,
340 millions en 2020.
Chiffre d'affaires mondial
696 millions de dollars en 2017,
1,5 milliard en 2020.
Source : étude Newzoo 2017

2020. C'est un phénomène de rattrapage, on va essayer de les comprendre,
de s'adresser à eux, de savoir à quoi
ils sont réactifs. Ce qui est attractif
pour les médias, c'est que l'e-sport
est un secteur d'activité encore assez
peu cher pour annoncer et il y a une
audience massive intéressante parce
que l'on ne la maîtrise pas correctement. Mais on sait qu'elle se rassemble
assez aisément autour de ces contenus.
Les médias ont pris conscience du phénomène et ils sont maintenant en train
d'en prendre la mesure. Tout cela est
en bonne voie.

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