Les Clés de la presse - Magazine n°49 - 23

Les Clés de la presse - n°49

riales... » Voici les missions que lui a
confiées Rolf Heinz, président du
groupe, en juin 2016. « De nouveaux challenges », avoue la première concernée.
Pourquoi l'avoir choisie, à 43 ans,
pour diriger ces titres puissants ? Pour
Rolf Heinz, sa jeunesse est « plutôt un
avantage, car elle est sensible au
rajeunissement auquel nous voulons procéder sur nos audiences. Cela permet une
belle complémentarité avec les équipes
du pôle ». A l'entendre, le choix de nommer la jeune femme semblait évident :
« les excellents résultats de Gwendoline
à la tête de plusieurs grandes marques du
pôle Femmes constituent la première raison pour laquelle je l'ai choisie, poursuit-il. Mon deuxième critère était son
expérience et sa compétence sur le plan
éditorial, print comme Web. En tant que
patron de business unit, il est important de savoir de quoi on parle, puisque
le poste subordonne des rédacteurs en
chef. Elle connaît complètement le
métier ». La troisième raison, et non des
moindres, c'est la personnalité de la
journaliste. « Il fallait un esprit
entrepreneurial, quelqu'un qui sache
innover, développer, lancer, le tout de
manière efficace », poursuit-il.

Une pionnière du Web
Il est vrai que Gwendoline Michaelis, en neuf ans chez Prisma média,
s'était déjà faite remarquer. Arrivée
en 2008 après quelques années dans le
groupe Hachette (cf. l'encadré cicontre), elle est recrutée pour Femmeactuelle.fr, un site encore à ses balbutiements. « Ce qui m'a fait venir dans
ce groupe, c'est qu'il a une vraie
vision stratégique de l'éditorial sur
le digital », nous explique la jeune
femme. A l'époque, c'est Loïc Guilloux,
aujourd'hui chez Arvato France, qui
dirige le pôle. « Par défi, envie ou
curiosité, elle voulait faire partie
des premiers bataillons de l'écriture
Web », commente celui qui se souvient
avoir écrit avec elle de belles histoires. Comme l'interview de Carla
Bruni à l'Elysée qui, selon lui, a participé à la prise de conscience par le
monde des médias de la caisse de résonnance du Web. La journaliste est arrivée
dans l'équipe du pôle Femmes « à un
moment où nous essayions de faire vivre
des concepts éditoriaux print sur de

||Son parcours ||
Après un premier cycle de gestion et économie appliquées, à Dauphine,
Gwendoline Michaelis entame une maîtrise de langues étrangères appliquées
en anglais et espagnol à la Sorbonne. Elle poursuit ses études avec une licence
de russe à l'Inalco et se lance dans la presse.
2001. Devient journaliste chez Isa, groupe Hachette
2005. Arrive chez Version fémina, sur le digital
2008. Entre au groupe Prisma média pour mettre en place la stratégie digitale
de Femme actuelle
2009. Devient rédactrice en chef du site Web de Femme actuelle
2011. Devient rédactrice en chef de Prima (print + lancement du digital)
2015. Lance Flow puis As you like, et prend la direction éditoriale
en parallèle de la rédaction en chef de Femme actuelle (print + digital)
et de Prima (print + digital)
Septembre 2016. Devient directrice exécutive du pôle Premium de Prisma média.

nouveaux supports, se souvient-elle.
C'était passionnant ».
Au pôle Premium, elle vise le même
objectif : « développer le digital des
marques qui ont le plus de potentiel »,
comme le rappelle Rolf Heinz. Et à entendre ses équipes, Gwendoline Michaelis a
pris ce combat à bras le corps. « Depuis
qu'elle est arrivée, nous avons réellement accéléré sur le digital, nous
raconte Lomig Guillo, rédacteur en chef
de Management. Elle nous a apporté son
expertise ». Le site de Capital, qui
abrite aussi Management, a été refondu
et atteint en juillet la barre des 3 millions de visiteurs uniques, soit une
croissance de 102 % depuis octobre 2016.
« Elle nous a donné un élan formidable,
une impulsion décisive dont nous avions
bien besoin », poursuit François Genthial, rédacteur en chef de Capital
depuis plus de dix ans.
Autres chantiers achevés : Ça m'intéresse a lancé une application « Ça
m'intéresse questions/réponses » cet
été, dont les premiers chiffres dépassent déjà les objectifs. Le chantier
numérique est en cours pour Géo. Business insider a atteint son objectif à un
an, avec 1 million de visiteurs uniques.
Une cellule data a été créée, pour
« faire évoluer les compétences et l'employabilité de ses équipes ».

Créative sur le print
Mais le Web n'est pas la seule carte
dans le jeu de Gwendoline Michaelis : au
pôle Femmes, elle fait naître de beaux
projets : Flow et As you like en 2015,
des lancements print surprenants et
couronnés de succès. « Ces expériences

me nourrissent au quotidien », convientelle. La journaliste a toujours imaginé
des concepts éditoriaux. Son amour pour
les langues la pousse à être en veille
sur ce qu'il se passe partout dans le
monde. C'est ainsi qu'est née l'idée de
Flow. Rappelons qu'un peu plus de deux
ans après sa création, le magazine se
vend à 75 270 exemplaires (alors que son
modèle économique était bâti sur 40 000
exemplaires vendus) ; As you like,
devenu depuis Oh my mag, est passé, dès
l'année 2, de trimestriel à mensuel.
C'est la même logique qu'elle applique
aujourd'hui aux titres du pôle qu'elle
dirige, pour qui elle imagine, en étroite
collaboration avec les rédacteurs en
chef, de nouveaux produits adossés aux
marques : hors-séries, comme celui de
National geographic traveler, déclinaisons de marques, comme Ça m'intéresse
santé et Ça m'intéresse sciences, ou
encore Géo sciences et Géo aventure...
Pour le moment, « ça marche très
bien », assure Rolf Heinz, qui souhaite
que le groupe entreprenne « encore plus».
Le hors-série « les clés du leadership au
féminin » - une idée de Gwendoline - a été
l'une des meilleures ventes des produits
de Management. « Nous l'avons réalisé
très vite, en trois semaines, précise le
rédacteur en chef. Grâce aux expériences
de lancements malins qu'elle a initiés au
pôle femmes, elle nous a donné l'énergie,
en nous laissant une grande latitude ».
Tout cela, toujours avec passion :
« j'aime jouer avec le fond et la forme,
choisir le papier, le vernis, trouver de
beaux écrins pour des produits à forte
valeur faciale, avec des cibles clairement identifiées », résume-t-elle.

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