Repères - N°36 / Janvier 2018 - Le magazine de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire - 17

eN pRatIque

Patrice Blaise, technicien à
l'IRSN, effectue un prélèvement
de sédiments à Santes, dans
l'agglomération de Lille.

surveillance radiologique

Le contrôle de la pollution
des eaux de surface
L'ESSENTIEL Dans toute la France, les eaux de surface comme les fleuves ou les
ruisseaux font l'objet d'une surveillance radiologique. Témoignage Un représentant de
la société civile. INFOGRAPHIE Une pollution est détectée : l'exemple du ru des Landes.
Avis d'expert Un expert en surveillance de l'environnement.

« La pollution de la nappe
est mieux caractérisée »

TémoigNAge

André
Guillemette
représentant de
l'Association pour le
contrôle de la radioactivité
(Acro), au sein de la
commission locale
d'information (Cli) Areva.

'Association pour le contrôle de la radioactivité (Acro) surveille le niveau de radioactivité dans l'environnement depuis l'accident de
Tchernobyl, en 1986. Sur le site Areva de La Hague
(Manche), nous prélevons tous les mois de l'eau dans
les ruisseaux des alentours. Tous les trimestres, nous
recueillons des sédiments, des plantes aquatiques, et
des éléments sur la côte - algues, patelles, etc. En 2014,
des travaux de reprise des déchets UNGG1 noyés dans
un silo après un incendie en 1981 ont commencé
au nord-ouest du site, dans une zone de stockage de
déchets. Cela nous a incités à regarder un éventuel
impact au niveau du ru des Landes, situé à proximité.
En septembre 2016, en analysant des sédiments et des
mousses prélevés dans la zone humide où se forme le
ruisseau, en aval d'un abreuvoir, nous avons trouvé
des niveaux de cobalt 60, d'iode 129, de césium 137
et surtout d'américium 241 beaucoup plus élevés que
ce qu'avait annoncé l'exploitant. Lequel a, depuis,

fermé l'abreuvoir. Nous n'avons pas les moyens de
mesurer nous-mêmes le strontium ou le plutonium,
nous avons envoyé les carottages à un laboratoire
suisse, qui a relevé des résultats très élevés en mars
2017. L'analyse isotopique indique qu'ils provenaient
de combustibles retraités en 1973-1974. L'IRSN avait
repéré ces nucléides dans la zone depuis quelques
années mais, à notre connaissance, n'a pas approfondi.
Après notre alerte, les experts ont fait de nouveaux
prélèvements et ont rendu leurs conclusions. Selon
leur rapport2, le plutonium viendrait d'un transfert par la nappe phréatique. Pour confirmer cela, il
faudrait mieux caractériser la pollution sous le site.
Il serait aussi intéressant de faire des carottages plus
profonds dans la zone polluée. Enfin, nous sommes
surpris par la faible valeur annoncée pour la reconstitution de la dose reçue par les populations. » n
1. Uranium naturel graphite gaz.
2. Avis IRSN/2017-00136 du 20 avril 2017

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