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dans le sens inverse. Des familles allemandes sont en train de fuir, à pieds ou en voiture à bras. La guerre se trouve à présent sur leur territoire.

Pendant ce voyage à travers l’Allemagne, onze femmes vont mourir dans le véhicule de Françoise. Personne ne dit rien pour que leurs corps ne soient pas abandonnés sur le bord de la route. Après cinq jours de trajet, le convoi parti de l’enfer de Ravensbrück arrive enfin au lac de Constance. Le paysage est merveilleux. Pour Françoise et ses camarades, la berge opposée est encore plus belle : c’est la Suisse, la liberté. En attendant de prendre le bac, les plus courageuses et les moins faibles se lavent dans le lac. Françoise, malade, reste allongée sur la paille. De jeunes allemandes leurs apportent des pommes, un aliment qu’elles n’ont pas vu depuis longtemps. Elles les dégustent modérément mais c’est encore trop pour leur estomac !

Avant de franchir la frontière suisse, la Gestapo recompte les détenues une à une et les font avancer. Tout à coup elles réalisent qu’elles sont de l’autre coté de la barricade. C’est sûr, maintenant elles sont… LIBRES ! Elles se prennent dans les bras et s’embrassent. Elles ont résisté à l’horreur des camps de concentration : les brimades, les humiliations, les coups, le froid, la malnutrition, etc.

Françoise, le « Prophète », vient de sortir de l’enfer. Elle vient également de retrouver son identité, Françoise Élie. Elle n’est plus seulement un numéro.

Des infirmières les attendent pour les diriger vers un superbe centre d’accueil. Les médecins et les officiers qui les prennent en charge sont effrayés de les voir dans cet état. Ils ne comprennent même pas comment certaines peuvent être encore en vie. Françoise n’en revient pas qu’on puisse être si attentionné envers elles, tout lui parait doux et affectueux. Ici, tout est beau. Cela faisait si longtemps que personne ne leur avait fait le moindre sourire. Elles reçoivent une bonne et vraie soupe, avec du bon pain blanc et du fromage. Le premier soir, vu leur état, elles ne dorment pas dans les hôtels qui leurs sont réservés. Elles couchent une dernière fois sur de la paille en attendant d’être lavées et désinfectées.

Parmi les femmes qui viennent d’être libérées avec Françoise, se trouve Geneviève de Gaulle 24, la nièce du Général. Elle aussi était détenue à Ravensbrück. Son nom lui a fait plusieurs fois frôler la mort. Pendant les



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