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À présent, elles sont trois cent cinquante, regroupées dans une seule salle dans laquelle elles se réchauffent les unes contre les autres. Après un dernier contrôle, cinquante d’entre elles sont encore écartées. Françoise, cette fois encore, est mise du bon coté, la chance est avec elle. Le dernier matin, toutes les détenues qui doivent rester se rassemblent pour voir les chanceuses partir. Elles se questionnent toutes sur leur devenir. Par pudeur envers leur malheureuses camarades, les partantes ne peuvent et ne veulent pas manifester leur joie.

DÉPART POUR LA SUISSE

Françoise et ses amies reçoivent du pain pour quatre jours, un saucisson et des biscuits. C’est un véritable festin. Elles ont l’impression qu’on leur a confié une petite fortune à laquelle il va falloir faire attention. Elles sont recomptées une dernière fois et se dirigent vers la « sortie ». Derrière elles, se font entendre les pleurs de celles qui restent, espérant elles aussi une prochaine délivrance. Une fois la porte franchie, elles voient de grands camions avec le sigle de la Croix-Rouge Internationale. Pour les accueillir, des soldats sont vêtus d’un uniforme différent de celui qu’elles ont vu chaque jour de l’autre coté de la porte. Ce sont des Canadiens. Quel changement, ils prennent soin de les prendre à pleins bras pour les monter dans les véhicules. Ce n’est pas un rêve ! Pour une fois on ne leur a pas menti. Il ne faut pas crier victoire trop vite, la route est encore longue. Elles apprennent bientôt qu’elles prennent la direction de la Suisse, elles vont au lac de Constance situé à la frontière sud entre l’Allemagne, la Suisse et l’Autriche.

Après tant de privations, elles n’arrivent pas à se restreindre lorsqu’on leur donne du beurre, du fromage et du pain à volonté. Elles mangent trop, leur organisme n’est plus habitué. Elles s’en rendent malades. Pendant le voyage, des camions sont en panne durant trois journées entières. Les passagères sont abritées dans la salle de cinéma d’un petit village. Là, elles en profitent pour ramasser des pissenlits et en faire une soupe à laquelle elles rajoutent du saucisson. Malheureusement elles attrapent la dysenterie.

Au cours du trajet, le convoi passe si près de la ligne de front, qu’elles assistent à un bombardement. Le long des routes allemandes, c’est l’exode. Elles assistent à la même situation qu’en France il y a près de cinq ans, mais



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