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Le dimanche de Pâques, pas de travail. Ce jour-là, les rations de nourriture, déjà très faibles, sont divisées par deux. Le lendemain, après l’appel, elles sont à peine rentrées dans le baraquement que toutes les Françaises reçoivent l’ordre de ressortir. Elles pensent immédiatement à des représailles, suite aux menaces proférées le matin du Vendredi saint, après « l’évasion » des sept Françaises. Une fois en rang, l’officier se plante devant elles et leur annonce que si elles ont la chance d’être reconnues en « bon état » par le major, elles auront peut-être la chance de revoir leur pays...

…Ce n’est pas possible ! Après tout ce qu’elles ont vécu, on va les renvoyer en France ! Ce sont des boniments ! Après toutes les promesses non tenues jusqu’à présent, que faut-il en penser ?

Elles sont invitées à se coiffer et à se laver pour paraitre en « bon état ». Ce qui leur semble être une mission impossible. La soupe arrive à ce moment au baraquement d’où elles viennent de sortir. Certaines s’interrogent. Doiventelles rester dans la colonne à qui on promet la liberté ou aller à la soupe ? Que faire ? Elles ont faim. Mais comme le ton de l’Allemande était plus aimable que d’habitude, elles se sentent presque en confiance. Y aurait-il une part de vérité ? Quelques minutes plus tard, la trentaine de Françaises doit quitter le Jugenlager pour prendre la direction du « grand camp ». C’est pieds nus que Françoise fait le trajet, de quatre kilomètres. Elle ne sent même plus les cailloux. La colonne est silencieuse. Que va-t-il réellement leur arriver ?

En les voyant arriver, les détenues étrangères, crient leur joie de les savoir bientôt libres, espérant que leur tour viendra peut-être bientôt. Elles sont déjà au courant ! C’est donc vrai ! C’est bien pour cette raison qu’on les ramène ici ! L’émotion est très forte, quelques petits sourires crispés se lisent sur certains visages. Elles n’oublient pas qu’elles ne sont pas toutes en « bon état » et que certaines risquent de rester là. Elles vont tout tenter pour être du voyage. Les Belges qui se trouvent à l’entrée du contrôle, font passer les plus faibles directement dans la colonne de celles qui ont déjà effectué leur visite. Malheureusement, quelques-unes sont épuisées et ne peuvent continuer. Les autres, plus chanceuses, comme Françoise, prennent la direction des douches. On leur distribue ensuite une soupe devant les bureaux. Pendant trois jours, elles attendent dans le froid. Elles sont alors obligées de se déshabiller pour qu’on les débarrasse des poux. Revêtues ensuite d’une simple petite robe en coton, elles attendent de recevoir des manteaux partis… au nettoyage.



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