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noir ». Pendant plusieurs jours et jusqu’à son dernier souffle, Françoise va l’assister. Elle prend ensuite soin d’une jeune femme belge, malgré les recommandations de ses camarades qui ne comprennent pas pourquoi elle utilise ses dernières forces à aider les autres. Françoise trouve lamentable qu’on laisse les plus faibles mourir dans l’ignorance totale. Elle va même coucher avec les plus contagieuses pour les réconforter et leur apporter un peu de chaleur humaine. De toute façon, Françoise est persuadée qu’elle aussi va finir de la même manière ou peut-être gazée. Alors pourquoi être égoïste ? Elle souhaite apporter un peu de tendresse à celles qui vont s’éteindre dans un tel délabrement. Elle pense que l’enfer est grand ouvert, prêt à les accueillir, mais comparé au quotidien, est-ce pire ?

PÂQUES 1945

Le 5 avril 1945, c’est le Jeudi saint. Le médecin major décide, ce jour-là, de faire un contrôle, ou plutôt, une sélection. Les détenues doivent montrer leurs poitrines et leurs jambes. Les plus âgées, les plus malades, celles qui sont trop maigres ou qui ont les jambes gonflées d’oedème sont mises du coté gauche. Elles savent ce que signifie le « convoi noir ». Pour se donner meilleure allure, Françoise et certaines de ses camarades ont trouvé un peu de rouge à se mettre sur les joues. Elles regardent alors le major dans les yeux pour qu’il ne fasse pas attention à leurs jambes boursouflées. Françoise échappe cette fois encore au classement à gauche, mais trois cents femmes, principalement juives, et sept de ses camarades sont sélectionnées. En attendant, elles sont envoyées dans un autre block pour la nuit. Aucun relevé de numéro n’a été effectué. Les restantes sont ensuite comptées une à une. Françoise dans son for intérieur est révoltée devant le sacrifice de tant de personnes.

Sachant que les gardiennes ne savent pas précisément qui a été sélectionné parmi les détenues, certaines prennent le risque pendant la nuit de revenir dans leur ancien block. Le lendemain, jour du Vendredi saint, au moment de l’appel vers quatre heures du matin, il y a sept personnes en trop dans les rangs. L’ordre est alors donné de rester là sans bouger jusqu’à ce que les « évadées » se dénoncent. En fin de matinée, le commandant du camp lui-même, vient sur place et ordonne aux sept personnes de sortir immédiatement des rangs, sans quoi cent femmes supplémentaires vont être sacrifiées. Pour éviter que cette menace soit mise à exécution, l’une d’elle s’avance, puis une



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