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communs allemands. L’ atmosphère est pesante : cris, bousculades, bagarres. C’est seulement au fond de la baraque qu’elles trouvent des châlits, il n’y a ni paillasse ni planches en dessous. C’est froid, humide et sans lumière du jour.

Dans ce block, elles savent qu’elles n’ont plus rien à perdre. Chacune d’elles se défend comme elle le peut, prête à tout pour un morceau de pain. Les enfants se comportent comme des adultes et vendent leur soupe pour un bout de pain. Les Rennaises finissent par trouver des paillasses. Même humides, celles-ci doivent être surveillées pendant les corvées. Pour accélérer l’activité, les coups de triques pleuvent. Parfois c’est un sceau d’eau qui leur est envoyé alors qu’il fait très froid. Françoise est affectée dans un commando pour des travaux de terrassement. Chaque jour, elle effectue à pied, les cinq kilomètres pour s’y rendre. Ceci contribue à l’affaiblir plus encore chaque jour. Elle est fatiguée et n’avance pas assez vite. En représailles, elle a dû traverser le réfectoire en roulant par terre, poussée par des coups de pieds.

Dans ce block, la pitié n’existe pas. Malades ou mourantes, toutes les femmes doivent sortir plusieurs fois par jour. Dehors, c’est le tirage au sort pour choisir celles qui doivent prendre la direction de…la chambre à gaz. Un matin, Françoise, Anne-Marie Tanguy et sa fille Paulette, ainsi que d’autres Rennaises et des Juives malades sont sélectionnées, au hasard, pour un prochain départ. En attendant l’arrivée des véhicules, elles sont enfermées dans le Waschraum devenu l’antichambre de la mort. Même si la mort est présente dans le camp chaque jour, l’angoisse est encore plus grande quand on sait qu’il ne vous reste plus qu’une poignée de minutes à vivre ! Pour d’autres, celles qui n’en peuvent plus, cette sélection c’est à la fois une douleur mais aussi un soulagement. Pourvu que cela se passe rapidement et sans souffrance. Le souffle devient court, le cœur bat vite. Très rapidement reviennent en mémoire les images des proches qu’elles aiment.

Les heures passent. Elles sont enfermées dans les toilettes, sans manger, sans pouvoir s’asseoir. Les femmes sont à bout de nerfs. Le soir arrive, le camion n’est toujours pas là. Les portes s’ouvrent brusquement…ça y est, c’est la fin ! Elles reçoivent l’ordre de sortir. Les cœurs s’emballent. C’est avec une forte angoisse, qu’elles franchissent le pas de la porte. Voilà, tout le monde est dehors… mais pas de véhicules pour les transporter ! Des ordres sont aboyés, la colonne doit se diriger rapidement vers leur block. Sans explication, elles retrouvent les autres et leurs châlits. Que s’est-il



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