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Celles qui viennent d’arriver sont de nouvelles proies pour la gardienne chef, Dorothéa Binz 21 ; une sadique qui prend un grand plaisir à faire souffrir les autres. Chaque nuit, certaines femmes hurlent de douleur suite aux coups reçus pendant la journée. D’autres ont les pieds en sang. La faim se fait de plus en plus sentir. Des femmes sont prêtes à tout pour un petit morceau de pain, ce qui entraîne fatalement des actes de violence. Chaque matin, des cadavres, qui n’ont plus figures humaines, sont retirés des blocks. Pendant les appels interminables, de plus en plus de détenues meurent d’épuisement. Avec cet afflux supplémentaire de prisonnières, les files d’attente aux toilettes s’allongent. C’est évidement à ce moment-là que les nazis décident de les fermer tout un après-midi entier pour y faire du nettoyage. Les femmes s’organisent différemment et font des trous dans les planchers. Elles sont de plus en plus sales, l’odeur est insupportable. Pendant deux mois, Françoise ne peut pas laver sa chemise. Elle réussit néanmoins à l’échanger contre une ration de pain d’une demi-journée. Françoise dira plus tard que dans l’état où elles se trouvaient à ce moment-là, elle et ses compagnes ne réalisaient même plus la dure réalité des choses, elles étaient dans un état second.

À partir de la fin février 1945, le camp se vide peu à peu, les détenues partent pour des destinations inconnues. Tous les jours, un contrôle est effectué pour un possible départ. Un matin, alors qu’elle a du mal à courir devant l’officier, Françoise échappe de justesse au rangement du coté des « mal-portants ». Elle sait ce que cela signifie. Mais en attendant il leur faut déménager, elles doivent se rendre dans un autre block.

BLOCK 29

Elles quittent un lieu dans lequel les conditions de vie sont pitoyables. Après avoir contourné plusieurs blocks, elles se retrouvent devant un endroit pire encore. C’est une affreuse baraque dans laquelle les fenêtres sont remplacées par de vieilles couvertures. C’est un cauchemar. Le block 29 n’est pratiquement occupé que par des femmes et des enfants juifs. Ce baraquement se trouve dans un groupe de blocks entourés de barbelés où les contrôles sont peu fréquents à l’intérieur. Une dizaine de rennaises arrivent ensemble. Elles n’ont alors qu’une seule idée ; trouver des châlits dans un endroit le plus éloigné possible du froid. Pas le temps de choisir, aussitôt arrivées, les coups pleuvent, assénés avec sauvagerie par de jeunes prisonniers de droits



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