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À partir de février 1945, la vie au camp empire. Les Alliés avancent sur le territoire allemand. Chaque jour, des détenus arrivent d’autres camps, dont celui d’Auschwitz. Arrivent également des femmes soldats russes faites prisonnières sur le front de l’Est. C’est environ soixante-mille personnes qui se retrouvent au camp de Ravensbrück, alors qu’il est conçu pour en accueillir moitié moins. Beaucoup de détenues sont arrivées à pied et sont épuisées. Les rumeurs racontent que le voyage a provoqué de nombreux décès. On dit que celles qui ne pouvaient pas suivre étaient abattues sur place le long de la route et que leur corps ont été jetés dans le fossé.

Les conditions d’hygiène deviennent alors encore plus pitoyables. Il y a quatre toilettes pour mille six-cents personnes et seulement quatre robinets qui fonctionnent. Les conduites d’eau sont en partie crevées et il n’y a plus moyen de laver ses vêtements. Les nouvelles arrivantes ont très peu de châlits, pas de couverture, pas de paillasse. Quelques-unes arrivent dans le block de Françoise. Parmi elles, se trouvent des femmes enceintes. C’est ainsi qu’elle assiste à des naissances. Heureusement dans le groupe des Françaises, il y a une sage-femme. Après l’accouchement, la mère et l’enfant sont dirigés vers la maternité durant huit jours. À leur retour, elles doivent revenir à l’appel dans les mêmes conditions qu’avant. Comme elles allaitent leurs bébés, elles sont même obligées de se lever avant les autres. Elles ont peu de lait et dans de telles conditions d’hygiène, les enfants ne vivent pas plus de quinze jours, en moyenne. Les mères trop faibles meurent également rapidement. Dans certains blocks, les contrôles sont maintenant peu fréquents et lorsqu’une nouvelle venue accouche, elle essaie de mettre l’enfant dans une cachette mais son espérance de survie ne dépasse pas un mois.

Nombreuses sont celles qui baissent les bras. Elles n’ont plus le goût à la vie. Françoise n’est pas loin d’en faire autant, mais en pensant à ses enfants et à tous ceux qu’elle a laissés en France, elle se raccroche un tant soit peu à la vie. Elle tient à peine debout, ses jambes sont fatiguées après son infection. Malgré cela, elle est appelée pour aider les plus faibles. Toutes les détenues sont maintenant envahies par les poux et des essais de poudre sont alors effectués dans les baraquements. Elles sont envoyées au block 25 où elles sont obligées de rester nues, debout sur le ciment, dans le froid durant une journée, en attendant la désinfection de leur block.



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