Dans le camp, les prières ne sont pas autorisées. Il est interdit de faire appel à une justice divine. Malgré les sanctions possibles, autour du poêle se déroule un semblant d’office religieux. Cette nuit là, Françoise Élie et ses amies éprouvent des difficultés à dormir. Au matin de Noël, comme il n’y a pas d’appel, les gardiennes ne sont pas pressées d’arriver et les détenues peuvent alors aller d’un block à l’autre. Elles en profitent pour aller voir leurs camarades. Dans un des blocks, la fille de la Polonaise que Françoise Élie a soutenue durant l’appel de la veille, vient la chercher. La rennaise lui montre alors sa mère qui est morte durant la nuit de Noël. « Elle est plus heureuse à présent et elle prie pour vous », dit-elle.

À partir de janvier, il n’est plus question d’infirmerie pour les prisonnières malades. Celles qui s’écroulent durant l’appel partent dans des camions. Personne ne les revoit. À cause des appels interminables dans le froid, il y a de plus en plus de dysenteries et de tuberculoses. Les jeunes enfants qui restent encore meurent très vite. Des camions viennent chercher les « cheveux blancs » pour les diriger vers ce que les allemands appellent le sanatorium. Selon certains, ils s’en vont vers une toute autre destination. Entre les mois de janvier et avril 1945, environ cinq-mille à six-mille détenues de Ravensbrück sont assassinées dans une chambre à gaz, un lieu aménagé par les SS à la fin de l’année 1944.

Place d’appel à Ravensbrück

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