Dans cette parution

Aller directement à la page

1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6 | 7 | 8 | 9 | 10 | 11 | 12 | 13 | 14 | 15 | 16 | 17 | 18 | 19 | 20 | 21 | 22 | 23 | 24 | 25 | 26 | 27 | 28 | 29 | 30 | 31 | 32 | 33 | 34 | 35 | 36 | 37 | 38 | 39 | 40 | 41 | 42 | 43 | 44 | 45 | 46 | 47 | 48 | 49 | 50 | 51 | 52 | 53 | 54 | 55 | 56 | 57 | 58 | 59 | 60 | 61 | 62 | 63 | 64 | 65 | 66 | 67 | 68 | 69 | 70 | 71 | 72 | 73 | 74 | 75 | 76 | 77 | 78 | 79 | 80 | 81 | 82 | 83 | 84 | 85 | 86 | 87 | 88 | 89 | 90 | 91 | 92 | 93 | 94 | 95 | 96 | 97 | 98 | 99 | 100 | 101 | 102 | 103 | 104 | 105 | 106 | 107 | 108 | 109 | 110 | 111 | 112 | 113 | 114 | 115 | 116 | 117 | 118 | 119 | 120 | 121 | 122 | 123 | 124 | 125 | 126 | 127 | 128

ALIGNÉES NUES POUR UNE « VISITE OFF ICIELLE »

Toutes les détenues sont très affamées. Elles maigrissent à vue d’œil. Le peu de nourriture distribué chaque jour les transforment en squelettes ambulants. Au bout de quinze jours, elles apprennent qu’il doit y avoir une « visite officielle ». Les anciennes du camp les préviennent de s’arranger pour ne pas y aller, mais il n’est pas facile d’y échapper. Elles se retrouvent donc alignées nues, dans une petite cour, devant un officier accompagné d’une infirmière. L’homme vérifie les pieds, les mains et les dents. Les plus âgées ou infirmes sont dispensées de corvées et de travaux, elles perçoivent alors une «carte rose». Ce sont celles-ci qui seront sélectionnées les premières pour être exterminées. Durant leur séjour, plusieurs « visites médicales » de ce genre ont lieu. Dès le début toutes les détenues ont leur propre fiche médicale, au cas où la Croix- Rouge viendrait à passer par là.

Comme beaucoup d’entres elles, Françoise Élie est atteinte de la gale. Cette maladie lui permet d’être écartée des corvées. Elle réussi alors à rentrer au service sanitaire du camp. Chaque jour, une infirmière tchèque passe pour mettre de la crème à celles qui ont la gale. Lors de chacun de ses passages, la rennaise lui demande de penser à elle si elle a besoin de quelqu’un. Au bout d’une quinzaine de jours, l’infirmière lui propose de rentrer dans la colonne Läuse, le service chargé de la corvée de poux. Son travail consiste à retirer les poux de la tête de prisonnières. Tous les jours, elle doit inscrire le nombre de poux trouvés, en face du numéro de la détenue. À la troisième récidive, la femme doit être rasée. Françoise Élie s’arrange, comme on a déjà pu le faire pour elle, pour qu’il y en ait un minimum à être tondues. Elle tue des centaines de poux par jour. Personnellement, Françoise ne va raser qu’une seule personne, une allemande à propos de laquelle la rennaise dit qu’il est impossible de faire autrement, « tant les cheveux marchent tout seuls ». Pour son attitude au sein de la colonne Läuse, une fois sur deux, une ration supplémentaire de soupe lui est proposée. Pour ce travail, elle se retrouve avec deux Polonaises. Celles-ci auraient préféré voir une de leurs compatriotes prendre cette place très enviée. L’ambiance est donc un peu tendue. Alors que Françoise Élie s’arrange pour que ses camarades puissent garder leur chevelure, ses « collègues » polonaises n’hésitent pas à raser. La rennaise s’occupe également de laver ses camarades atteintes de la dysenterie et qu’elle voit décliner de jour en jour.



73