cela, bonne nouvelle, direction la douche. Grâce à une détenue belge qui la contrôle, Françoise Élie échappe de justesse au rasage des cheveux infligé à toutes celles qui ont des poux. Plusieurs de ses camarades rennaises ont déjà été rasées. Après le déshabillage, elles doivent se défaire de tous leurs effets personnels, vêtements et valises. On leur remet ensuite des tenues de prisonnières : une chemise, une culotte, et une robe rayée, la plupart du temps en coton, avec une grande croix peinte dans le dos, une marque visible en cas d’évasion.

Le lendemain, vers trois heures trente, une sirène hurle à l’extérieur du bâtiment. Il fait alors très froid. Celles qui sont chargées de la corvée de café sont déjà en train de traîner les bidons pleins. Il faut s’habiller immédiatement, ranger le baraquement et sortir au waschraum, le lieu pour la toilette. Tous ces noms allemands doivent maintenant être obligatoirement mémorisés.

Ici, il faut faire la queue pour tout. Pour se laver, il y a un bac avec une vingtaine de robinets. Pour les besoins naturels, tout le monde se presse pour y aller le matin. Les latrines sont de longues banquettes percées d’une vingtaine de trous, et sans portes. La saleté et l’odeur y sont repoussantes. Le sol est jonché de tout, d’excréments, de sang, d’ordures de toutes sortes… la puanteur y est insupportable. Il faut encore faire la queue pour avoir un semblant de café, à peine chaud, âcre et sans sucre. Celles qui ne vont pas assez vite se font insulter par les autres. Une seconde sirène retentit, elle signale l’ordre de ressortir du block. Les retardataires sont rouées de coups de bâton ou de lanière. C’est l’appel. Il peut durer des heures.

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