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À l’extérieur, les détenues placées de l’autre coté des barbelés savent que ce nouveau convoi vient d’arriver de France. Elles interpellent les nouvelles venues malgré les interdictions. Quelle stupéfaction, pour Françoise Élie et les autres, de voir ces femmes aussi maigres et d’une saleté répugnante. Mais elles aussi, ont beaucoup changé depuis le départ de leur convoi. Les anciennes les préviennent de ne rien garder sur elles car tout va être confisqué. Certaines commencent à cacher leurs bijoux où elles peuvent. D’autres se séparent immédiatement d’un symbole qui devient dangereux en ce lieu : la Croix de Lorraine.

Françoise est toujours fiévreuse et va voir une gardienne pour lui faire part de son état fébrile. Elle se souvient de la réponse de celle-ci : « Vous avez bien survécu au voyage ! ».

Françoise Élie et ses camarades se mettent vite à l’aise pour apprécier un repos très attendu. Mais rapidement, sur ordre des SS, les françaises doivent laisser leur place à un convoi de deux-mille Polonaises qui vient d’arriver. Elles sont à peine installées, elles doivent sortir. Elles espèrent pouvoir manger mais sont orientées vers les lieux dédiés à l’enregistrement. Á partir de ce moment, la rennaise devient le numéro 62 821 et comme les autres, elle reçoit une gamelle en fer, un gobelet et une cuillère.

PREMIÈRE NUIT AU CAMP

Lors de la première nuit, sur ordre des SS, les françaises sont contraintes à rester dormir dehors, sur la terre. Vers quatre heures du matin, pour ne pas mourir de froid, elles décident de marcher autour des tentes. À cette époque de l’année, les basses températures se font déjà sentir au nord de l’Allemagne. Bien avant le lever du soleil, elles voient des détenues que les SS rassemblent en rang dans le froid durant trois heures. Les plus faibles sont maltraitées. Les nouvelles venues aimeraient pouvoir approcher les plus anciennes pour leur demander des conseils, mais c’est impossible. Vers dix heures, c’est leur tour. Dans un premier temps, elles doivent mettre tous leurs bijoux, même les alliances, en « lieu sûr » et malheur à celles qui en garderaient, elles risquent de sévères sanctions. Françoise Élie, après avoir pensé les enterrer, se résigne à aller les déposer au bureau désigné à cet effet. Après tout, on les lui a bien rendus avant de partir de Rennes. « Alors pourquoi pas ici ? », se dit-elle. Après



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