Après une dernière nuit sur le sol français, le convoi passe par Sarrebrück avant de se diriger vers le camp de Ravensbrück. À Sarrebrück, une dizaine de prisonnières russes venant d’un camp de la Gestapo sont rajoutées dans chaque wagon. Après un mois passé dans de très mauvaises conditions, les françaises ont pu reprendre des forces à Belfort lors des quinze jours précédents. Elles se trouvent alors face à des détenues Russes dans un état encore plus déplorable qu’elles. Toutes sont affamées. L’une d’elles, d’une pâleur singulière, bien qu’âgée de dix-huit ans, se trouve au camp depuis déjà deux ans.

Tout à coup, une alerte qui semble plus importante que les autres est donnée. Le train repart. Une dizaine de minutes plus tard, des bombes s’abattent sur la gare, exactement à l’emplacement qu’elles viennent de quitter. L’avant du train est mitraillé, mais sans dommage. Dans les wagons, il est impossible pour les prisonnières de s’allonger toutes en même temps. Elles sont contraintes de le faire à tour de rôle et de rester des heures debout sans manger ni boire. Au petit matin, un arrêt brutal permet à chacune des détenues d’avaler dix cuillères de vermicelles.

Elles apprennent aussi qu’à chaque halte, les allemands s’arrangent pour stationner le convoi au milieu de matériel de guerre, un lieu dangereux. Les réseaux de renseignements de la Résistance ne signalent en fait pas ces sites aux Alliés, ceci afin d’éviter de faire des victimes parmi les détenues.

Les nuits sont fraîches alors que la chaleur est terrible durant la journée. Dans ces conditions, Françoise Élie est atteinte d’une grosse fièvre. Allongée sur le plancher, la rennaise est à côté d’une anglaise de Jersey qui a une angine. Elles ont soif et sont épuisées. Leur seul désir : arriver le plus vite possible pour pouvoir respirer, se laver et dormir. Beaucoup d’entre elles ont faim, une envie que Françoise Élie ne ressent pas étant donné l’état de fatigue avancé dans lequel elle se trouve.

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