Le 17 août 1944, Pierre Laval et son gouvernement sont amenés de force par les autorités allemandes à Belfort. Il doit rejoindre ensuite Sigmaringen en Allemagne où vont se retrouver les derniers collaborateurs. À son arrivée, Laval demande aux nazis la libération de plusieurs détenus en échange de prisonniers allemands que les Alliés détiennent à proximité de Paris. Beaucoup de dossiers sont absents ou incomplets. C’est un motif de libération. La décision provoque l’incompréhension de certains détenus qui ne comprennent pas pourquoi les uns sont libérés et pas les autres.

Le 20 août, le maréchal Pétain, chef de l’État français collaborateur, est contraint, en compagnie de sa femme, de rejoindre Belfort. Ils doivent eux aussi être dirigés vers Sigmaringen, comme Laval. C’est la fin du régime de Vichy. Une fois arrivé à Belfort, Pétain rencontre des prisonnières se trouvant dans le Fort Hatry.

Par les fenêtres, les détenus peuvent voir d’immenses brasiers. Les allemands sont en train de brûler des dossiers et des archives. Ces signes de panique et de précipitation redonnent une lueur d’espoir à ceux qui croient que Belfort est un arrêt définitif du convoi en attendant l’arrivée des Alliés.

Le 26 août 1944, alors que Paris est libérée depuis la veille, deux-centsoixante- dix-huit détenus prennent la direction du Struthof-Natzweiler en Alsace, alors intégrée au IIIe Reich. Un autre convoi part trois jours plus tard, le 29, avec à son bord sept-cent-deux prisonniers, dont six-centtrente- neuf français, direction le Struthof, Dachau ou Neuengamme. Le 1^er septembre, Françoise Élie fait partie des cent-trente-six femmes qui montent par groupe de cinquante dans des wagons remplis de crottin. Cette fois-ci, les portes sont verrouillées, il y a juste une ouverture grillagée. Un vieux seau leur est donné pour leurs besoins. Le train démarre, direction l’Allemagne. Le convoi franchit la frontière allemande plus d’un mois après son départ de Rennes et après deux semaines d’arrêt à Belfort. Elles quittent le territoire français, alors que les Alliés sont déjà entrés en Belgique.

À partir de Belfort, plus d’obstacle, aucune gare n’a été bombardée. Á Mulhouse, les femmes assistent au départ d’un train de jeunes alsaciens âgés de quinze à dix-sept ans. Ils partent pour nourrir l’effort de guerre allemand sous le regard de leurs mères en pleurs.

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