L’hygiène dans les wagons est inexistante. Un seul seau pour faire ses besoins et impossible de le vider sans en renverser par terre. Il n’y a pas d’eau pour se laver. Les détenues ne sentent même plus l’odeur pestilentielle omniprésente dans le convoi entier. Elle est due aux excréments, à la chaleur, et aux cadavres en décomposition présents dans certains wagons. Des témoins se trouvant le long de la ligne de chemin de fer sont choqués, en approchant du convoi, de voir que des êtres humains sont barricadés derrière des barbelés. « L’odeur était encore présente deux heures après chaque halte du convoi », diront certains témoins. Voilà déjà deux semaines que près de deux-mille personnes sont enfermées dans ces wagons.

À Dijon, le convoi est stationné durant deux heures sous un tunnel. L’aviation alliée est en train de bombarder la gare. Les détenus ont peur, mais certains se réjouissent de voir le teint blême de leurs gardiens.

Le 15 août 1944, le convoi arrive à Belfort. La douleur a été davantage présente que les tous petits moments de joies et d’espérance ; lors d’une évasion ou quand la population a essayé de leur venir en aide. Françoise Élie sait qu’une fois arrivée à Belfort, la possibilité d’une déportation vers un camp situé en France s’éloigne.

Une partie du train continue le voyage, emmenant les prisonniers de guerre américains et les détenus français. Les prisonniers dits « politiques » doivent descendre du convoi et prennent la direction d’une caserne. Ils sont dirigés vers le Fort Hatry, occupé encore quelques temps avant par les troupes allemandes. Aux yeux de certains, l’emplacement de ce fort est cruel. Ils sont enfermés en face du fameux « Lion de Belfort ». Il est l’œuvre du sculpteur Frédéric Auguste Bartholdi, également créateur d’un symbole qui a plein de sens pour ces détenus, la Statue de la Liberté. Située à l’embouchure du port de New-York, la Statue de la Liberté est exposée dans un pays d’où viennent certains libérateurs alliés, les américains.

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