Durant cet arrêt forcé, les alertes sont fréquentes. Sept avions des Alliés se sont mis en ligne pour mitrailler les locomotives et les wagons de tête. Françoise Élie est inquiète, comme tous les autres. Elle se demande pourquoi leur train essuie des tirs alors que des drapeaux blancs de fortune, confectionnés avec des chemises et des torchons, flottent à l’extérieur. C’est l’affolement général, les soldats allemands tirent sur ceux qui essaient de se cacher sous les wagons. Françoise Élie voit la peur sur chaque visage. Un prisonnier de guerre noir américain monte sur un wagon en agitant un drapeau blanc, en vain. Certains profitent de la confusion pour s’évader et et se jettent dans la Loire.

Ce qu’ignorent les prisonniers, c’est qu’au lieu de circuler sous les couleurs de la Croix-Rouge, le convoi est recouvert de branchages avec une DCA bien en évidence pour le protéger. Cet aspect lui donne l’apparence d’un transport de troupes ou de matériel, et ne laisse pas supposer qu’il transporte des prisonniers. C’est peut-être ce qui explique pourquoi les avions Alliés et les résistants prennent ce train pour cible.

Durant ces attaques aériennes, de nombreuses victimes sont à déplorer, tuées par les mitraillages des avions Alliés, mais également par les gardiens qui tirent à vue sur ceux qui tentent de fuir. Les fusillades sont pourtant, pour certains prisonniers, une occasion supplémentaire de s’évader. Durant près de quarante-huit heures, pour échapper au déluge de feu, les détenus sont mis à l’abri dans des champignonnières situées à proximité.

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