Ceux que certains appellent des « internés d’honneur » côtoient des prisonniers politiques très mal nourris. Chaque matin, lors de la corvée de toilettes, quelques-uns de ces otages dits privilégiés glissent des morceaux de pain dans leur seau. Les prisonniers qui réceptionnent s’empressent de les manger après les avoir grossièrement nettoyés. La libération de ces otages se fait en plusieurs fois. Vingt-et-un d’entre eux quittent le camp une semaine plus tard. Parmi eux se trouve Yves Milon, qui reprend aussitôt son action clandestine, notamment au sein du Comité de Libération. Le CDL est chargé de préparer la mise en place des nouveaux pouvoirs publics et des municipalités provisoires lors de la future libération. D’autres départs ont lieu peu après, puis le 4 juillet.

Le restant des otages retrouve la liberté au soir du 1^er août, grâce à un professeur d’allemand du lycée de garçons de Rennes, Émile Morice. Il profite du départ précipité de la Gestapo en direction d’Angers pour intervenir auprès de la Feldkommandantur.

Il ne reste alors dans le Camp Marguerite et à la prison Jacques Cartier que des résistants de la première heure, des américains arrivés de Normandie et des allemands d’unité disciplinaire.

Le 28 juin, environ mille-six-cents prisonniers, dont une grande majorité de résistants, quittent le Camp Marguerite dans un convoi qui transite par Redon et Nantes pour atteindre Compiègne le 12 juillet. Le 28 juillet, ils prennent la direction du camp de concentration de Neuengamme, où ils arrivent le 3 août 1944.

Au matin du 8 Juin 1944, les détenus de la prison Jacques Cartier sont réveillés au chant de la Marseillaise et de l’Internationale. Tous pensent alors que les libérateurs sont déjà proches. Malheureusement, en entendant les moteurs tourner dans la cour, les bruits de bottes dans les couloirs et le fracas des clés dans les serrures, les prisonniers comprennent que la libération n’est pas pour tout de suite. Á l’extérieur, trente-deux noms sont énumérés ; neuf Républicains espagnols et vingt-trois bretons venus de toute la région.

Le plus âgé a soixante-cinq ans et le plus jeune a dix-sept ans. Au cours de cette énumération, Françoise Élie distingue les noms de Maurice Prestault, son chef, ainsi que celui du Républicain Espagnol Pedro Florès-Cano. Françoise

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