Françoise Élie vient de perdre le fondateur et le responsable national de l’un des importants réseaux pour lequel elle travaille. Moralement c’est un sale coup, mais la guerre n’est pas finie et la lutte continue.

Tout autour de Françoise Élie, l’étau se resserre. Le 2 février 1944, d’autres membres sont arrêtés. Victor Louviot 16, chef de l’Armée Secrète d’Ille-et- Vilaine, appartenant au réseau de renseignement Eleuthère et à Libé- Nord est fait prisonnier. Dans le groupe de Libé-Nord, Victor Louviot est un collaborateur de Constant Allain 17, le chef départemental de la section administrative, travaillant au commissariat à la main-d’œuvre pour l’Allemagne. À ce titre, il réussit à empêcher 12 557 jeunes bretons de partir pour le Service du Travail Obligatoire (S.T.O). Cette action est reconnue jusqu’à Londres. En janvier 1944, Radio-Londres félicite la jeunesse d’Ille-et-Vilaine et décerne un Prix d’honneur du sabotage à l’administration qui l’emploie. Une énorme imprudence car la Gestapo écoute également Radio-Londres. Les autorités allemandes interpellent aussitôt Constant Allain. Deux semaines plus tard, c’est au tour de Victor Louviot, puis le 8 février, d’Honoré Commeurec. Tous les trois sont déportés vers le camp de concentration de Neuengamme, d’où seul Constant Allain reviendra.

La Gestapo, aidée des miliciens, fait de plus en plus de perquisitions. Beaucoup de réseaux de résistants opérant dans la région voient leurs rangs s’éclaircir. Dans chaque groupe, l’angoisse monte toujours davantage lorsque l’on apprend qu’une connaissance ou un proche se sont faits arrêter. On découvre par la même occasion, que celui ou celle que l’on croyait indifférent à la lutte contre l’ennemi mène en fait le même combat dans la plus parfaite clandestinité.

Le 20 avril 1944, non loin de l’épicerie de Françoise Élie, dans la rue Château- Renault, un groupe de personnes pénètre dans le café de Paris. Parmi eux, un milicien, Le Ruyet, spécialiste des infiltrations, accompagné entre autre de Roger Le Neveu, l’assassin de Jean-Claude Camors. Les deux hommes se jettent sur des résistants qui sont attablés. Il y a là un certain Miguand de Quimper, chef d’une équipe de parachutage et Monges, un agent de liaison. Torturés au siège de la Gestapo, ils sont ensuite déportés.

Le même jour, à l’hôtel-restaurant du Cheval d’Or, place de la Gare, sont arrêtées Anne-Marie Tanguy 18 et sa fille Anne-Paulette dite Paulette 19. Elles accueillaient des Juifs avant l’arrivée des Allemands. Elles font partie des

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