Très rapidement, l’épicerie est connue dans le milieu de la Résistance. C’est parfois directement dans l’épicerie qu’un parachutiste ou un aviateur prend contact malgré la fréquentation de la boutique par les Allemands qui viennent y faire leurs courses.

La boutique sert aussi de boîte aux lettres pour Défense de la France, l’autre réseau dans lequel Françoise est impliquée. Celui-ci s’est spécialisé dans la confection de faux papiers et la diffusion d’un journal clandestin. Déposé régulièrement dans l’épicerie, il est distribué ensuite grâce à Françoise Élie. (Ce journal deviendra France-Soir le 8 novembre 1944). De temps à autre, une édition du journal sort des Imprimeries réunies, situées rue de Nemours près des Halles centrales. Elles ont été fondées par Honoré Commeurec 11, un ancien conseiller municipal de Rennes dégagé de toute obligation militaire en raison de son âge. Ne pouvant rester passif, il est devenu lui-même membre du mouvement Libération-Nord et du réseau Bordeaux-Loupiac. En plus d’imprimer des journaux clandestins, il tire des tracts et fabrique des faux-papiers.

Le magasin de Françoise est un lieu de rendez-vous pour les nouveaux adhérents du journal. En grande majorité, ceux-ci viennent uniquement le consulter sur place dans un coin de l’épicerie, par peur de se faire prendre avec un exemplaire en leur possession. De temps à autre, Françoise, ou une de ses employées, glisse un journal dans le cabas d’un client. Le danger est alors permanent, un Allemand peut entrer à n’importe quel moment. Malgré cela, tous les jours dans la boutique et dans l’arrière boutique, sont stockées des marchandises pouvant mener au poteau d’exécution. Il y a là des centaines de journaux, des cartes d’identité prêtes à remplir, des plans, des ordres de mission avec des croix de Lorraine enfermés dans des enveloppes au nom de Françoise. On y trouve également des tampons de la mairie, des machines à écrire mais aussi des armes attendant d’être distribuées. C’est souvent après la fermeture que se font les distributions.

Pour mieux étudier les mouvements de certaines troupes d’occupation, Françoise accepte de ravitailler la Kriegsmarine, les services de la marine de guerre allemande située route de Lorient. Pour avoir le droit d’y circuler librement, elle fait plusieurs réductions à un officier qui vient de temps en temps se ravitailler dans son épicerie.

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