FRANÇOISE ÉLIE S’ENGAGE DANS LA RÉSISTANCE

Les restrictions se font douloureusement sentir. L’Economique, la principale société de distribution alimentaire du département, est passée sous le contrôle de l’occupant qui réquisitionne 90% des stocks.

Françoise va manger de temps à autre au restaurant des étudiants qui se trouve rue Saint-Yves, à deux pas de l’épicerie. C’est là qu’en 1942, elle fait la connaissance d’étudiantes appartenant à un mouvement de résistance appelé Défense de la France et dirigé par l’Abbé Allain (Constant Allain 17). Créé en juillet 1941 par un groupe d’étudiants parisiens, il regroupe des réseaux non-communistes autour de Philippe Viannay, étudiant en philosophie à la Sorbonne. Il vient d’obtenir son diplôme d’Etudes Secondaires lorsque la guerre éclate. Il est officier dans un régiment de tirailleurs marocains jusqu’à l’armistice.

Les étudiantes rennaises sont à la recherche de lieux pour distribuer leur journal clandestin. L’épicerie de Françoise Élie leur semble être l’endroit idéal. Françoise accepte et prend alors une part active dans la résistance. Elle se trouve embarquée aux côtés de son nouveau chef Maurice Prestaut 10 alias Patro, Thermido ou Lebras. Cet officier de marine, chef du mouvement Libé-Nord est chargé d’organiser le mouvement Défense de la France. Il est délégué régional des réseaux de renseignements et de liaison qu’il a créés dans toute la Bretagne, notamment dans les secteurs de Rennes, de Saint-Brieuc et dans le nord Finistère. À leurs côtés, on trouve également le Docteur Pierre Heger dit Legal, responsable départemental, Antoinette de Poulpiquet du Halgouet (épouse le Dr Heger en 1947), Renée Mottay dite Françoise et Emilienne Martin.

Françoise donne sa confiance à Maurice Prestaut, qui, blessé à Toulon, a refusé de se ranger derrière le gouvernement de Vichy. Dans la clandestinité, Françoise prend le nom de Le Troset. Elle participe également à l’action d’un autre réseau de résistants, le Bordeaux-Loupiac. Créé par Jean-Claude Camors 14, il est spécialisé dans les filières d’évasion pour les parachutistes et aviateurs alliés tombés sur le sol français. Françoise Élie se voit aussi confier la mission de trouver des terrains pour des parachutages. Le réseau se retrouve parfois en difficulté lorsqu’il doit loger jusqu’à quarante parachutés à la fois : il faut leur trouver très vite un hébergement. Françoise prend alors la décision d’accueillir certains d’entre eux chez elle. Dans un premier temps, elle aide à les nourrir, une activité difficile en cette période de restrictions.

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