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Là, peu de temps après, elle rencontre Bernard Anthonioz, résistant savoyard, éditeur, ami d’Aragon et proche d’André Malraux. Ils se marient le 28 mai 1946 à Bossey (Haute- Savoie).

Elle devient la présidente de l’Association des Déportées et Internées de la Résistance (ADIR) aux côtés de Marie-Claude Vaillant-Couturier, elle se fait un devoir de témoigner sur la barbarie nazie, devoir qu’elle renouvelle en 1987, au procès de Klaus Barbie.

En 1958, André Malraux qui a côtoyé le couple Anthonioz pendant les années de traversée du désert, lui propose de le rejoindre au ministère de la Culture. Geneviève est alors chargée de la recherche scientifique et Bernard devient chargé de mission, directeur de la création artistique et fondateur du Centre national d’art contemporain. Au cours d’un dîner, elle fait la connaissance du père Joseph Wresinski, aumônier depuis deux ans, du « camp des sans-logis » de Noisy-le-Grand, camp édifié en tôle ondulée par les compagnons d’Emmaüs après l’appel de l’abbé Pierre de l’hiver 1954. En octobre 1958, elle se rend dans le bidonville de Noisy-le-Grand. Elle est bouleversée par les visages de ceux qui ressemblent à ceux qu’elle avait vus en arrivant à Ravensbrück, des hommes et des femmes pataugeant dans la boue, la même détresse et la même humiliation dans le regard. Ce sont des familles pauvres de toutes nationalités qui viennent travailler en France, sans logement, rejetées, oubliées. Le père Joseph lui demande d’abord d’organiser une campagne radiodiffusée pour collecter du charbon pour l’hiver et de faire pression auprès du ministre de la Construction pour conserver ces logements même s’ils sont précaires pour ses occupants. Geneviève de Gaulle-Anthonioz décide alors de faire de la misère son cheval de bataille. Elle quitte le ministère de la Culture.

En 1964, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, mère de quatre enfants, devient la présidente de l’association ATD (Aide à Toute Détresse), créée par le père Joseph Wresinski, elle le reste jusqu’en 1998. C’est en 1968 que Joseph Wresinski donne le nom ATD-Quart Monde pour désigner les pauvres du monde entier qui refusent de se résigner à la fatalité de la misère pour eux-mêmes et pour tout homme. Le terme « Quart Monde » trouve ses racines dans le « quart-état » ou « quatrième ordre » employé par des députés lors de la Révolution Française, pour désigner le « peuple des infortunés, des indigents, et de ceux qui n’ont aucune représentation ».

Elle va se battre tous les jours pour ceux qu’elle appelle des « sans domicile fixe » (n’acceptant pas que l’on dise SDF), trouvant un lien avec la déportée qu’elle fut. Elle va rencontrer plusieurs présidents de la République et Premiers Ministres.

À la mort du père Joseph Wresinski le 14 février 1988, elle continue le combat et devient membre du Conseil économique et social. Bernard Anthonioz décède, le 14 juillet 1994. Il est inhumé au cimetière de Bossey (Haute-Savoie).



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