RETOUR EN FAMILLE DES DÉPORTÉS

Chaque déporté a vécu son retour de manière singulière. Une partie des anciens détenus ne cachent pas leur joie d’être revenus parmi les leurs. Ils retrouvent leur liberté et reviennent sur leurs terres dans le monde des vivants. En revanche, beaucoup d’autres reviennent dans leurs villes et leurs villages lestés du poids du conflit. On apprend qu’un parent a disparu, on évoque les dégâts humains et matériels des bombardements. La reconstruction individuelle est rendue alors plus difficile lorsque l’on découvre la disparition des êtres aimés.

Au moment où la France entame sa phase de reconstruction, l’arrivée des déportés n’est pas faite pour qu’ils évoquent leurs souvenirs. Débarqués sur des territoires libérés depuis plusieurs mois, les anciens prisonniers ne trouvent pas forcément d’oreilles attentives pour recueillir leurs témoignages des souffrances endurées dans les camps. À ceux qui avancent que les faits rapportés ne sont pas possibles, s’ajoutent ceux qui affirment avoir également souffert de la faim et de la peur permanente pendant ces quatre années d’occupation. De plus, certains déportés ont pu envoyer quelques lettres à leurs familles au début de leur captivité. Ces dernières renfermaient bien souvent des nouvelles rassurantes qui doivent être avant tout considérées comme des preuves de vie.

Au moment du retour, la spécificité des déportés n’est pas forcément reconnue. En effet, d’autres populations reviennent aussi d’outre-Rhin, les prisonniers de guerre et les requis du STO (Service du Travail Obligatoire).

En 1945, la majorité de la France est libérée. La population cherche alors à se tourner vers l’avenir en tentant d’effacer ce passé récent. Il faut reconstruire ce qui a été détruit par les bombardements et relancer l’économie.

Pour la majorité des déportés, la reconstruction prend plus de temps. Les souffrances physiques et morales laissent des séquelles dont certains ne se débarrasseront jamais. L’insuffisance alimentaire subie dans les camps peut entraîner des difficultés digestives. Le sommeil peut aussi rester des années perturbé par des visions de cauchemar.

Témoigner de son vécu dans les camps n’est donc pas une règle au retour des déportés. Une majorité préfère même garder le silence pour éviter les justifications permanentes et les remises en question constantes de leurs souvenirs. La volonté

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