La revue RH&M - N°70 - Juillet 2018 - 9

LE GRAND ENTRETIEN

Le champ de la responsabilité juridique est de plus en
plus important.
Absolument et par voie de conséquence, les Conseils d'Administration sont de plus en plus
concernés. La nouvelle directive
européenne sur le reporting, qui
devrait être transposée en droit
français à l'image de celle sur le
droit des actionnaires, montre
une accélération au niveau européen dans la conception et
les obligations incombant dorénavant à l'entreprise. Une
philosophie mettant beaucoup
plus l'accent sur des stratégies
de moyens et longs termes, (en
particulier pour la rémunération
des dirigeants) qui devraient intégrer des facteurs extra financiers de performances. L'OCDE
et l'ONU ne sont pas en reste.
Ces organisations internationales ont mis en avant le concept
de « diligence raisonnable »,
définissant des mesures que les
entreprises devraient mettre en
place face à des situations ou
des thématiques très sensibles
comme par exemple la prévention des violations des Droits
de l'Homme, thème qui fait son
entrée chez les Risk Managers.
Aujourd'hui, les Conseils sont
amenés à se saisir rapidement
de ces enjeux, faute de se mettre
eux-mêmes en risque et avec
eux les sociétés. Au-delà, c'est la
composition des Conseils qui est
interpellée, au sens où elle doit
assurer la diversité des compétences et des expériences pour
couvrir le spectre élargi de leurs
responsabilités sans compter
les mutations de modèle économique que nombre d'entreprises doivent affronter et qui
sollicitent les délibérations du
Conseil. Confrontés aux défis
du changement climatique ou

" Il n'y a jamais eu autant
d'opportunités pour que les DRH
participent à la définition des
orientations stratégiques et aux
décisions les plus importantes. "
au bouleversement qu'induit le
numérique, il vaut mieux anticiper pour engager les transformations majeures et nécessaires.
Les RH, dans l'entreprise, voient
également leur propre fonction
évoluer.
Comment les Conseils d'Administration prennent-ils en
compte toutes ces dimensions ?
La partie délicate pour les
Conseils et pour les Exécutifs,
c'est qu'avant de pouvoir arbitrer
sur des choix d'avenir, sur des
évolutions stratégiques induisant des changements de modes
de production ou de distribution,
il leur est nécessaire de changer
leurs modes de communication
interne, de relations avec les
clients, leurs gammes de produits et services... et de produire
des analyses fines de leur nouvel écosystème. Ne pas avancer
à l'aveugle, prendre la juste mesure des changements à l'œuvre,
détecter les opportunités qui en
découlent, appellent tout à la fois
de l'agilité intellectuelle et organisationnelle là où les grosses et
anciennes structures sont moins
spontanément à l'aise.

Dans cette perspective de
révolution globale, à partir
de tout ce que vous évoquez,
le DRH a-t-il une légitimité,
selon vous, à être Administrateur à part entière et à
contribuer à avoir un rôle
déterminant dans un Conseil
d'Administration via les enjeux humains ?
Il n'y a jamais eu autant d'opportunités pour que les DRH
participent à la définition des
orientations stratégiques et aux
décisions les plus importantes.
C'est sûr. Pourquoi ? Quand il y
a de grosses transformations à
faire, il y a obligatoirement des
impacts sur les collaborateurs. La
participation des collaborateurs
à la compréhension des enjeux,
assurer autant que faire se peut
leur adhésion aux choix de l'entreprise, pour peu qu'ils soient
pertinents évidemment, leur
apporter des garanties sur leur
propre devenir sont des facteurs
de réussite des transformations.
Si le Conseil n'entendait pas
cela, ne raisonnait qu'en termes
macroéconomiques et financiers,
il compromettrait sérieusement
la réussite des transformations à
conduire.

LA REVUE RH&M N°70 | JUILLET 2018 | P.9

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