La revue RH&M - N°70 - Juillet 2018 - 10

LE GRAND ENTRETIEN

Si la perception de la fonction DRH n'est pas toujours
bien perçue, il existe aujourd'hui quelques centaines de DRH ayant atteint
le plus haut niveau stratégique et ayant les capacités
à avoir un rôle important
dans les Conseils d'Administration. Qu'en pensez-vous ?
Quel est votre point de vue
à ce propos ?
La fonction DRH est devenue,
pour ceux qui en doutaient encore, précieuse dans l'élaboration des stratégies elles-mêmes
et dans l'éclairage des scenarii
de transformations à conduire
dont les DRH doivent être en
mesure d'embrasser la totalité.
A ce titre, des Administrateurs
aux compétences et expériences
RH ont toute leur place dans un
Conseil. Le Conseil peut ponctuellement inviter un DRH à venir apporter son expertise mais
il peut également, et c'est l'objet
de votre initiative, reconnaître
l'opportunité d'intégrer ces parcours et les inviter à siéger dans
des Conseils d'Administration.
Y'a-t-il, selon vous, aujourd'hui des raisons qui
peuvent donner aux DRH la
légitimité à siéger dans des
Conseils d'Administration
en tant qu'Administrateurs
à part entière ?
Cette légitimité n'a jamais été
aussi forte, compte tenu des
transformations de l'écosystème et de ce que cela induit
en termes de conséquences internes.
La bonne idée n'est vraiment valable que si elle intervient à un moment précis. Selon vous, est-ce que le
moment est réellement favorable à cette évolution de

la constitution des Conseils
d'Administration ?
En tous cas, ce dont nous parlons n'a jamais été aussi perceptible, aussi urgent, parce
que chaque jour qui passe sans
bouger est un retard pris. Il
ne s'agit évidemment pas de
confondre vitesse et précipitation, mais il y a un enjeu de timing. Engager une réflexion sur
la nature des profils et des talents dont un Conseil aurait besoin pour initier et réussir son
challenge de transformation et,
au-delà son apport constant à la
stratégie de l'entreprise, relève
quasiment d'un préalable.
Selon vous, un Administrateur doit-il être certifié
pour siéger dans un Conseil
d'Administration ? Parmi les
Membres du Cercle de l'Excellence RH, certains DRH
sont certifiés mais d'autres
ont acquis le statut d'Administrateur uniquement du
fait de leurs compétences
et personnalités. Qu'en pensez-vous ?
Pour le moment, la certification
n'est pas obligatoire. Je pense
que c'est un mouvement volontaire qui permet d'enrichir
le vivier traditionnel de recrutement des Administrateurs.
Je pense également que les
Conseils, les Comités de Nomination, vont de plus en plus
évoluer dans leurs modes de
sélection Une certification ne
garantit pas tout mais elle apporte un minimum d'assurance
quant à la capacité d'un Administrateur à assumer une telle
fonction.
C'est dans cette perspective
que nous lançons « Le Mouvement DRH Administrateurs » afin de sensibiliser

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les Conseils d'Administration, les dirigeants, les Cabinets de Chasse pour les
amener à définir autrement
le profil de l'Administrateur.
Peut-on imaginer définir le
profil de l'Administrateur du
IIIe millénaire ?
Il serait en effet intéressant
d'y réfléchir. Ce que l'on observe aujourd'hui, c'est que
le rôle et la responsabilité des
Conseils ont énormément évolué pour toutes les raisons que
nous venons de développer. Le
Conseil doit, aujourd'hui, être
davantage un stratège et être
en capacité d'orienter la stratégie de l'entreprise. Il faut que
les membres du Conseil aient
un esprit d'ouverture et, sans
remettre en question leur fonction traditionnelle de contrôle,
ils doivent intégrer dans leur vision l'enjeu humain de plus en
plus difficile à appréhender et à
manager. Il faut que ce soit un
Administrateur à la fois capable
d'aider l'exécutif mais aussi de
le challenger. Etre capable de
challenger, cela ne veut pas
dire se mettre en position critique mais poser les bonnes
questions. Etre Administrateur
est un vrai « job » qui appelle à
la diversité des parcours et au
fait d'avoir une vue précise et
en même temps holistique de
ce qui se passe autour de l'entreprise. Pour conclure, je dois
admettre que votre initiative
est parfaitement justifiée et
j'espère qu'elle sera appréciée
par l'ensemble des parties prenantes.

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