La revue RH&M - N°69 - Avril 2018 - 45

« Co » pénètrent l'entreprise
avec de nouvelles pratiques de
partage et de mise en réseau qui
contribuent à l'appropriation du
travail. La libération de la parole
permet de redonner du sens.
Caroline Arnoud-Nicolas a analysé ce qu'est la quête de sens du
travail pour les « millénials ».
Dans un article récent elle fait
ressortir que la mobilité est une
manière de développer le sens
pour éviter une crise professionnelle3. Pierre-Yves Gomez4, pour
sa part s'est penché sur le sens du
travail dans un monde numérisé
où le travail apparaît en miette.
Le travail est effort et finalité. Or
le salarié ne perçoit plus le lien
entre ses efforts et la finalité de
son travail dans un contexte digitalisé.
L'apport du
« Sensemaking »
Le processus de construction du
sens ou « sensemaking » a été
davantage étudié en psychologie
qu'en sciences de gestion. Karl
E.Weick a introduit la notion du
« sensemaking » dans les organisations. Le sensemaking est un
concept qui étudie l'interactivité
des individus dans des situations
de risque et de crise au sein des
organisations. Weick décrit le
sensemaking comme « l'interaction réciproque de la recherche
d'informations, de l'attribution
de signification et de l'action ».
La théorie du sensemaking
propose un processus continu
d'apprentissage par lequel le
salarié crée sa zone de sens ou de
signification du travail dans un
contexte du changement en lien
avec la situation pouvant potentiellement modifier les comportements.

" Le sensemaking est un concept qui étudie
l'interactivité des individus dans
des situations de risque et de crise au sein
des organisations. "

Aujourd'hui, le sensemaking
ou « construction du sens » est
un concept largement utilisé en
sciences de gestion et en particulier dans un contexte de
transformation organisationnel.
Les chercheurs ont constaté que
la création collective de sens est
plus intense dans des phases de
changements très importants et
que l'encadrement, notamment
de proximité, a un rôle essentiel pour réduire l'ambigüité des
situations et leurs risques.
Le sens, facteur de bien-être
Les recherches sur le bien-être
au travail comme sur le bonheur
par le travail font ressortir l'importance du sens et l'impact du
« brown-out » sur la santé du
salarié. La recherche réalisée par
Wadi Tahri et Imane Elkadiri a
fait ressortir la contribution du
sensemaking au bien-être du
personnel dans un contexte de
changement organisationnel 5.

Leur étude empirique menée
au sein de l'Office National des
Aéroports de Marrakech montre
une corrélation entre bien-être
et sensemaking. Les chercheurs
proposent une démarche pour
mieux maîtriser les effets induits
de la conduite du changement.
En veillant à la création de sens
dans un contexte de transformation de l'organisation, les
DRH favoriseront le bien-être
des salariés et leur offriront une
« expérience collaborateur » de
qualité gage d'une belle « expérience client ».

Le Brown-out :
quand le travail
n'a plus aucun sens
Baumann F., (2018)
Éditions Josette Lyon

1. Baumann F., (2018), Le brown-out: Quand le travail n'a plus aucun sens, Éditions Josette Lyon,
2. Grimand A., Glaisner J. et Grévin A., (2017), « Un travail à soi, repère pour un management de l'appropriation du travail »,
@GRH, n°23, 95-119.
3. Arnoud-Nicolas C., (2018), « Développer le sens du travail pour éviter les crises professionnelles », Le Journal des
Psychologues, Vol. 354, n°2, 30-34.
4. Gomez P.Y. (2017), «Le sens du travail à l'ère numérique», Revue Projet, vol.361, n°6, 36-42.
5. Tahri W., Elkadiri I. (2016), « Sensemaking et bien-être dans le contexte de changement organisationnel », Question(s) de
Management, n°13, 73-85.

LA REVUE RH&M N°69 | AVRIL 2018 | P.45

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