La revue RH&M - N°69 - Avril 2018 - 13

les cent cadres dirigeants du Groupe,
il y avait 8 femmes. Aujourd'hui, il
y en a 27 !
Et dans le Comex, parvenezvous à cet équilibre ?
Nous y travaillons et cela demande
du temps. Nous n'avions qu'une
femme l'année dernière au Comex,
cette année, nous en avons deux.
L'année prochaine nous en aurons
trois, sur une équipe de 19 personnes.
Dans quelles fonctions ?
Nous avions la Directrice de la
Banque de Détail en France et maintenant, nous avons la responsable de
la Compliance. Nous aurons en 2019
une troisième femme.
Quel est votre rôle plus
spécifique dans le Comex ?
J'ai un rôle important pour la transformation de la culture. Nous avons
vécu un moment critique, lorsque
nous avons dû payer une amende
de 9 milliards de dollars aux EtatsUnis. Ça a été un choc pour nous.
Nous avons dû souder les équipes.
Nous avons réalisé un travail de
fond pour refondre nos valeurs, affirmer notre mission et clarifier notre
vision. Pour ce travail, j'ai proposé
que nous adoptions un nouveau
format en travaillant avec nos 500
managers des Comités Exécutifs
des métiers du Groupe. Nous avons
alors vécu des moments forts, que
j'ai animés avec le sponsorship de
Jean-Laurent Bonnafé.
Pour la première fois, nous avons
inscrit que nous voulions avoir un
impact positif sur nos parties prenantes, clients, actionnaires, salariés, et sur l'ensemble de la société.
Nous avons également formalisé
notre vision, qui est d'être la banque
européenne de référence, avec une
dimension mondiale.
Comment fonctionnez-vous
avec Jean-Laurent Bonnafé ?
Nous avons des points réguliers,

tous les quinze jours et des échanges
plus informels. Les sujets d'emploi
et de responsabilité sont parfois
lourds à porter. Mais je sais que
Jean-Laurent Bonnafé a le sens de
la responsabilité des équipes et de
l'anticipation. S'il faut faire évoluer
les effectifs, nous prenons le temps
nécessaire en utilisant en priorité
le turn-over naturel et la mobilité
interne pour gérer cela de manière
responsable.
Contribue-t-il à la stratégie RH
ou vous laisse-t-il faire ?
Il y contribue, en affirmant qu'il est
important qu'on se sente responsable de nos équipes et qu'on y porte
toute l'attention nécessaire. Mon
rôle ensuite, c'est de proposer une
stratégie RH.
De votre côté, contribuezvous à la stratégie globale de
l'entreprise ?
Oui, je contribue à son élaboration,
notamment en veillant à ses impacts
sur les salariés. Venant du business,
j'ai le sentiment d'être plus facilement écouté. Je suis d'ailleurs partie
prenante du Comité de Transformation de notre pôle Banque de détail
en France. Je pilote également le
programme interne Digital Working.
Où en êtes-vous en matière de
digital ?
Nous investissons pour digitaliser
les parcours clients et les rendre
plus fluides. Notre offre digitale est
déjà très importante et la part d'audience de BNP Paribas sur le mobile
est très forte, au-dessus de nos
parts de marché dans les agences.
Avec MesComptes, Hello Bank et
Compte-Nickel, acheté récemment,
notre offre digitale déjà avancée,
continue de s'étoffer.
Avez-vous un responsable
de l'innovation RH ?
Pas en tant que tel mais, dans le
cadre de notre projet stratégique,
nous sommes actuellement mobi-

lisés pour améliorer l'expérience
collaborateur. Concrètement, cela
passe par une plateforme, appelée
« About Me », accessible d'un téléphone portable ou d'un PC. Elle va
nous permettre d'enrichir les données disponibles de nos salariés pour
mieux les connaitre.
Chacun est invité à déclarer et évaluer ses compétences à partir d'un
catalogue unique partagé dans tous
nos pays. Il devient ainsi possible
de cartographier les compétences
des collaborateurs. Par ailleurs,
nous travaillons à identifier les nouvelles compétences dont nous avons
besoin à l'avenir. Notre ambition est
d'amener progressivement nos collaborateurs vers ces nouvelles compétences en leur poussant de manière
proactive des offres de formation/
développement puis des offres d'emploi interne, correspondant à leurs
souhaits d'évolution. Le déploiement a débuté. Nous en sommes à
plus de 60 000 personnes.
Nous allons ainsi pouvoir réaliser
une vraie gestion prévisionnelle des
emplois et des compétences.
Nous travaillons aussi à renforcer les
interactions entre le collaborateur,
son manager et son RH. A cet égard,
About Me permet d'inscrire les feedback donnés « au fil de l'eau » par
le manager. Cela est plus adapté à
un monde en transformation où le
rythme s'accélère et va simplifier les
évaluations.
Quelle est, dans votre binôme
avec votre DG, votre principale
préoccupation ?
Aujourd'hui, je crois que cette
volonté d'anticipation responsable
de nos besoins en compétences est au
coeur de notre binôme PDG/DRH.
Accompagner au mieux nos salariés
d'aujourd'hui vers les métiers de
demain, c'est un challenge fort pour
lequel je dispose du plein soutien de
mon patron. L'anticipation est dans
les gènes de Jean-Laurent Bonnafé,
et dans les RH, elle est au centre de
nos préoccupations.

LA REVUE RH&M N°69 | AVRIL 2018 | P.13

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