La revue RH&M - N°62 - Juillet 2016 - 11

engagement continu pour les femmes et mes aventures Webedia et Terrafemina qui m'ont permis d'être désignée femme digitale de l'année. Le monde digital apporte de réelles opportunités aux femmes, parce qu'il n'y a pas de prédétermination, de codes, de parcours préétablis. L'humilité de savoir qu'il va falloir se remettre en cause tous les 12 à 18 mois prime. Ce n'est pas la peine de se dire digital, ni même d'aller dans le digital sans cette malléabilité et cette capacité à comprendre que vos compétences peuvent devenir très vite obsolètes. Qu'est-ce qui fait la différence entre une entreprise traditionnelle et ces fameuses start up ? Leur émergence va-t-elle conduire à des transformations majeures ? Une start-up est petite mais dès qu'elle passe à des vitesses supérieures de recrutement, de conquête de clients, de levée de fonds, de structuration de ses services communs, elle n'est déjà plus une start-up. En principe, cela dure le moins longtemps possible, puisque l'idée est de se déployer très vite. La grande nouveauté liée à l'émergence des start-up, c'est que les jeunes veulent tous devenir des créateurs d'entreprise. C'est un changement d'état d'esprit notable, une révolution culturelle pour un pays marqué traditionnellement par le régalien, la fonction publique, la tutelle plutôt que l'entrepreneuriat. Cet état d'esprit a déjà une influence sur nos entreprises plus traditionnelles. Elles commencent à incuber des plus petites, ouvrent leurs portes, partagent leurs expertises, créent des espaces de coworking, d'accompagnement, qui leur permettent d'avoir des viviers de talents, d'innovations qui pourront être intégrés à un moment. Quels vont être les impacts du digital sur l'emploi et la gouvernance ? Les Comex et les dirigeants sont plus à même de connaître les logiques et les impératifs du digital mais doivent aussi se prêter à des formations ad hoc. Pour autant, nous n'allons pas vers une entreprise totalement virtuelle. Paradoxalement, plus les fonctions sont digitalisées, plus les face-à-face sont nécessaires. La gouvernance des entreprises sera, plus souple, plus agile. Mais un des enjeux sera d'intégrer la présence de digital natives qui devra s'articuler aux différentes compétences traditionnelles de l'entreprise pour tracer la meilleure stratégie possible. Au regard de la position de votre groupe sur des acquisitions très importantes ces derniers temps, sentez-vous les signaux faibles d'une deuxième bulle Internet ? Fimalac a une vision très claire des investissements qu'elle choisit et des build up qu'elle mène dans le temps. Nous avons la conviction que si nous ne sommes pas rentables, nous ne pouvons pas progresser et Webedia est rentable. L'éclatement de la bulle, s'il se produit, touchera les entreprises qui n'arrivent pas à dégager cette rentabilité. Quels peuvent être les risques de l'entreprise digitalisée ? Des secteurs entiers de l'économie sont en mutation complète : le tourisme, la finance. A peu près tous tombent sous le coup d'une transformation obligatoire sous peine de mourir un jour. Il y a une nécessité de s'adapter à marche forcée, et un risque de laisser sur la route des gens qui n'arriveront pas à s'adapter ou des entreprises qui n'auront pas pris à temps le tournant du digital. Il faut pouvoir anticiper, et organiser la co-construction avec les équipes pour faire en sorte que ce soit un projet d'entreprise plutôt qu'une contrainte. La digitalisation de l'entreprise doit être vécue comme une opportunité plutôt que le constat d'un changement qui arrive trop tard et condamne l'entreprise, et donc ses collaborateurs. Quels sont les messages les plus importants à faire passer aux DRH ? Dans une entreprise, le DRH en binôme avec le PDG est un des porteurs incontournables de la transformation digitale. Le DRH, parce qu'il est régalien, gardien du temple, partenaire business, parce que c'est celui qui porte le développement humain dans l'entreprise, doit être là pour aider les gens à anticiper, être à l'aise avec ce mode agile qui n'est pas si évident. La gestion des incertitudes, des angoisses est une des missions du DRH. A l'aune du digital, elle est même décuplée. Pour ne pas opposer une force de résistance, ils doivent se transformer euxmêmes en parallèle. Il y a une véritable attente de créativité RH dans le digital. Webedia est un acteur majeur dans les médias en ligne qui compte : * 1 400 collaborateurs avec une moyenne d'âge de 28 ans, * Près de 200 millions de CA * Une présence à l'international * 5 verticales digitales : - Le glamour - Le cinéma et les e-billets - Les jeux vidéos et le e-sport. - Le food - Le tourisme Webedia est présent également dans l'univers des talents, des influenceurs, grâce à l'acquisition fin 2015 de Mixicom qui gère les youtubeurs français les plus connus. LA REVUE RH&M N°62 | JUILLET 2016 | P.11

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