ParaMag - Hors Série Spécial Débutant 2016-2017 - 5

soit parce qu'il s'agissait d'éviter un
obstacle ou une autre voile, soit pour
tourner trop tard afin de se mettre face
au vent. Et pourtant, ces parachutistes
étaient souvent prudents, utilisant une
voile correspondant à leur poids et à leur
expérience. Il n'est pas rare que ce type
d'accident arrive à des parachutistes qui
ne font jamais de virage bas.

TECHNIQUE

De nombreux parachutistes s'étant
blessés ou tués à l'issue d'un virage bas
n'avaient pas l'intention de faire ce
virage. Ils se sont seulement retrouvés
dans une situation délicate et ont réagi
de la mauvaise façon.
Même si nous devons être en mesure
d'anticiper les obstacles ou les autres
voiles et de nous mettre face au vent
à la bonne altitude, nous devrions aussi
apprendre ou savoir réagir correctement
quand l'inattendu se produit. On ne peut
pas simplement ignorer les virages bas.
Il faut apprendre à les faire correctement
et en sécurité afin d'agir sans se faire
mal quand c'est nécessaire.

Virage à plat
pour la sécurité
Avant tout, il faut bien comprendre la
différence entre «virer bas» et «envoyer»
(hook turn ou prise de vitesse).
Pour un hook turn ou une prise de
vitesse, le pilote tire intentionnellement
un élévateur avant, ou une commande,
à une altitude relativement basse et dans
le but de flarer durant l'atterrissage.
La voile tourne, pique et prend de la
vitesse. L'action engendre un effet de
balancier pour le pilote qui, durant un
instant, n'est plus exactement sous sa
voile. Puis la voile revient à plat,
le pilote repasse dessous et plane
durant quelques secondes grâce
à la vitesse emmagasinée.

Supposons maintenant qu'un parachutiste qui a besoin de faire un virage bas
puisse le faire sans que sa voile pique
vers le sol. Supposons qu'il puisse faire
un virage à plat, en gardant sa voile bien
au-dessus de lui et en maintenant un

taux de descente lent. Supposons qu'il
puisse tourner à 90 degrés, ou plus,
sans perdre beaucoup de hauteur.
Si ce parachutiste pouvait faire ça,
il pourrait éviter un obstacle et se poser
néanmoins doucement.
Le virage à plat est la chose la plus utile
que l'on puisse obtenir d'une voile, et
certainement la seule façon d'éviter une
manœuvre hasardeuse à une hauteur
basse et sans se crasher au sol. Malheureusement, beaucoup de parachutistes
n'en sont pas conscients. En école, on
n'insiste peut-être pas suffisamment sur
cet aspect du pilotage.
Pour effectuer un virage à plat, on engage
celui-ci alors que l'on pilote sa voile avec
un certain pourcentage de frein.
Il faut donc bien connaître sa voile en la
pilotant dans la zone de frein là où,
par conséquent, le vol est plus lent.
Trop peu de parachutistes connaissent
bien les marges d'évolution de leur
voile en vol lent.

Réflexes
conditionnés
Craignant la vitesse propre de leur voile,
les élèves ont souvent le réflexe de

descendre leurs commandes au niveau
des épaules pour la ralentir, et plus particulièrement au moment de l'atterrissage.
Par conséquent, les instructeurs leur
demandent constamment de voler bras
haut : «Lève les bras et laisse voler ta
voile !» entend t-on souvent à la radio.
En conséquence, les élèves peuvent
être amenés à croire que voler en frein
n'est pas la bonne chose à faire.
Après quelques sauts, les élèves constatent rapidement que leurs atterrissages
s'améliorent quand ils laissent voler
leur voile bras haut juste avant de la
cabrer pour se poser. Leur instructeur
avait donc raison, et à juste titre.
Les cours sont alors terminés
et on passe à autre chose.
Malheureusement, trop de parachutistes
n'ont pas consacré suffisamment
de temps à explorer la phase de pilotage
entre «bras en haut» et «bras en bas».
Ne pas savoir voler en frein est
une lacune.
D'autre part, certains élèves sont anxieux
à l'idée de faire tourner leur voile trop
rapidement. Ils sont timides lorsqu'ils
tirent sur la commande. Pour les aguerrir
en altitude, les instructeurs les encouragent donc à tirer la commande jusqu'en

05
Hors Série 2016-2017
paramag.fr

Quand un parachutiste tente d'éviter
un obstacle, une autre voile ou un atterrissage vent dans le dos en engageant
un virage à la commande, la voile réagit
de la même manière. Le problème
évident est que, dans ce cas de figure,
le parachutiste n'a pas pris en considération la hauteur où il se trouve,
ni le taux de descente engendré par
le virage. Il peut alors taper le sol dans
le mouvement de balancier,
avec une force très importante.

Volontairement ou involontairement, ce parachutiste a amorcé un virage au moment de son posé.
Heureusement, il avait quasiment les pieds au sol quand la voile est partie à droite.
Si l'action s'était produite plus haut, on imagine que le contact avec le sol
aurait été bien plus violent. Photo Nicolas Glotin

http://www.paramag.fr

ParaMag - Hors Série Spécial Débutant 2016-2017

Table des matières de la publication ParaMag - Hors Série Spécial Débutant 2016-2017