ParaMag - N°396 - Mai 2020 - 10

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«QUE DES CONS»

C'est ainsi qu'ont été qualifiés les rédacteurs de ParaMag par
Philippe, un parachutiste de 63 ans, dans le fil d'une hallucinante
et surréaliste discussion sur Facebook, dans le groupe Passion Para
avant la disparition dudit groupe quelques heures plus tard, miné
par ces excès que son créateur-modérateur n'a pas su contrôler, à
supposer qu'il eut la volonté de le faire.
Peut-on d'ailleurs appeler discussion les éructations haineuses, la
logorrhée d'insultes, le flot de vulgarités et le lynchage public auquel
certains se sont prêtés comme s'il étaient subitement atteints d'une
folie collective, d'un effet de meute ? C'est d'autant plus inquiétant
que deux gendarmes l'ont cautionné en ne les effaçant pas pour l'un,
en les approuvant pour l'autre.
Cet accès de jeunisme de Philippe ne l'exonérera pas, à son âge, de
faire partie «des gens qui étaient des skygods il y a 30 ans, tellement
aigris et incapables d'évoluer et de vivre avec leur temps que la seule
façon de faire parler d'eux et de se sentir moins inutiles et inexistants
est de déverser du vomi ou de la merde sur les gens», selon Tof qui
décrit ainsi les rédacteurs de ParaMag.
En revanche, cela lui évitera peut-être les insultes que ces
derniers ont reçu de Dom, Pat, Bruno, Christopher, Alan, Florent, Tof,
soit en vrac : «cons, jaloux, envieux, chialeuses, clodos, pleureuses,
grippes-sous notoires, connards on les emmerde et connards à
envoyer bien chier». Que des courageux du clavier, nettement moins
pour oser le dire en face de vive voix.
La palme de la clairvoyance revient à Mario qui, après avoir déclaré
«Jamais acheté ParaMag et je le ferai jamais», émet un avis sur ce
qu'il dit ne pas connaître : «Ils sont jaloux, voilà, et ils veulent avoir le
pouvoir, l'argent, voilà».
Ah tous ces gens qui déclarent ne jamais le lire («on s'en fout complet
de ParaMag») mais qui savent tout à son sujet, le traitant de «vieux
torchon has been» ou de «torche-cul des années 90, dont la seule
utilité est de se torcher le cul en cas de pénurie de papier toilettes».
Voilà quelqu'un qui possède une conscience aiguë des problèmes générés par le confinement et qu'on espère détenir un stock de papiertoilette à défaut d'une collection de ParaMag pour faire ce qu'il dit.
«Fuck ParaMag» éructe l'anglophone Olivier, tandis que Sky Poulette ajoute : «Je pensais déjà que ParaMag est un sinistre torchon,
j'en suis maintenant convaincue. Signé : une gendarme qui aussi se
cache derrière un pseudo». Diable, si la gendarmerie masquée s'en
mêle, la rédaction de ParaMag risque l'embastillement collectif ! Mais
il y a bien pire.
À Charles qui écrit : «Questionner la passion pour le para de Bruno
Passe est impossible. C'est sa vie depuis je crois plus de 30 ans»,
Dom a répondu : «Qu'il crève». Propos criminel alors que s'allongeait chaque jour la liste macabre des morts du coronavirus. Propos
abject que le modérateur-gendarme n'a pas jugé utile de supprimer.
Oui, un gendarme...!

Mai20:396
paramag.fr

L'historien Jacques Julliard écrivait (Marianne, 3 avril 2020) :
«Platon place au sommet la science et tout en bas l'opinion. Encore
n'en connaissait-il pas la forme la plus basse, la plus méprisable,
qui s'étale sur internet et sur les réseaux sociaux, combinant, sous
couvert de l'anonymat, le primat des émotions, peurs ou convoitises, avec la libération des instincts les plus vils, ceux de la jalousie,
de la délation, du lynchage».

Par
Yves-Marie Guillaud

Faut-il vraiment apporter quelques réponses factuelles à ce tsunami d'imbécilités ? Certains le déconseillent, mais ce serait capituler
devant la calomnie. «Vitam impendere vero» (consacrer sa vie à la
vérité) : ce vers du poète Juvénal datant du I er siècle a été la devise de
Jean-Jacques Rousseau (1758) et de journaux révolutionnaire, dont
celui de Marat. Alors allons-y...
Le gendarme a lancé son groupe Passion Para en 2016. Pour lui
donner du contenu, il a notamment pillé quatre articles publiés dans
ParaMag, sans autorisation et sans citer la source, au mépris de
la réglementation qui régit la presse, le «copyright». Bruno Passe,
rédacteur en chef dont je suis totalement solidaire, lui a poliment demandé de cesser. Ces articles ont été effacés, mais a débuté alors
un ParaMag-bashing, une campagne de dénigrement systématique
matérialisée par un «warning ParaMag» apparaissant régulièrement
sur le groupe, et visible publiquement afin de mieux nuire à ParaMag.
Le pillage des articles de presse est un problème mondial qui met
toute la presse en danger, à tel point que les États, et l'Europe,
cherchent à créer une législation pour l'interdire car la presse paie
ses frais de publication que les réseaux sociaux pillent gratuitement.
À quoi bon acheter ParaMag, ou quelque journal que ce soit, si on
peut le lire gratuitement sur les réseaux sociaux ? Ce n'est pas une
question d'argent mais une question de survie.
L'ignorance le dispute à la mauvaise foi quand ParaMag est accusé
d'avoir «des moyens et que ça à faire» (Popeye), de vouloir «le pouvoir
et l'argent» (Mario), d'avoir des rédacteurs «grippes-sous notoires»
(Tof), l'estocade émanant de Rudy : «C'est affligeant de constater que
certains ne partagent pas cette passion pour ce qu'elle est mais pour
ce qu'elle peut leur rapporter».
Ce qui est affligeant, c'est la bêtise de tels propos. Bruno Passe a été
un des premiers moniteurs PAC, un des premiers pilotes tandem et
un des premiers testeurs tandem en France. Il a choisi uniquement
par passion de se consacrer exclusivement à la presse parachutiste.
Ses revenus, j'en témoigne, sont très inférieurs à ceux qui «partagent
cette passion» en ne sautant que pour emporter des passagers
tandem, sans quoi, pour certains, on ne les verrait plus depuis
longtemps.
Et moi, avocat titulaire du brevet de moniteur BEES 1 et de la qualification d'instructeur para-pro, accusé d'être un «grippe-sous notoire»
passant son temps à «s'attaquer à des gens bénévoles» (Abder), j'ai
toujours été bénévole, que ce soit pour enseigner, encadrer, diriger
et écrire dans ParaMag. Ce ne sont pas ces accusations débiles qui
gâcheront mon plaisir de servir le parachutisme.
Je ne sais pas qui l'a dit, mais c'est de circonstance : «Le parachute,
c'est comme l'intelligence, quand on n'en a pas, on s'écrase».
La leçon de ce psychodrame picrocholin est instructive. Un groupe
Facebook de plus de 6.000 membres peut disparaître en 48 heures
sans laisser la moindre trace, comme un château de sable emporté
par des vagues. Nul contenu ne subsiste. C'est un lieu d'échanges
utile mais futile, remplaçable, interchangeable. Un magazine n'est
pas comparable à un groupe Facebook. La démarche et le but sont
radicalement différents : il propose des informations vérifiées et des
analyses réfléchies engageant leurs auteurs, dont l'archivage et la
relecture sont possibles.
Ceci est résumé par Mu, peu de temps avant la disparition de
Passion Para : «C'est un très joli magazine qui s'adresse à une élite.
Pour le pratiquant lambda, ce groupe est bien, on peut déconner».
Oui déconner, dans tous les sens du terme... n

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